Venezuela : Guaido confirmé président de l'Assemblée contre l'avis de la Cour suprême
L'opposition, qui contrôle toujours le Parlement, a affirmé ce 29 mai maintenir Juan Guaido à sa tête. Elle a rejeté la décision de la Cour suprême qui avait confirmé la présidence du candidat rival adoubé par Nicolas Maduro, Luis Parra.
L'opposition vénézuélienne, majoritaire à l'Assemblée nationale, a réaffirmé le 28 mai son soutien à Juan Guaido en tant que président de l'hémicycle, rejetant du même coup la décision de la Cour suprême de confirmer à ce poste Luis Parra, son rival.
«Je continuerai à exercer mes fonctions», a déclaré Juan Guaido lors d'une conférence de presse après une séance du Parlement monocaméral organisée par visioconférence.
#SesiónAN | Continúan declaraciones de el Pdte (E) de Venezuela y de la #AsambleaVE, @jguaido a los medios de comunicación. #28Mayhttps://t.co/AUKDasJvMU
— Asamblea Nacional (@AsambleaVE) May 28, 2020
Les élus d'opposition avaient auparavant approuvé un texte qui taxait d'«illégale» une décision de la Cour suprême rendue le 26 mai. Dans ce texte, la plus haute instance judiciaire du pays avait dit «valider» l'avènement au perchoir de Luis Parra, un rival de Juan Guaido, également élu d'opposition.
Deux élections pour un seul poste
Cette décision de la Cour était intervenue après la tenue rocambolesque de deux élections en janvier dernier.
Le premier vote s'était déroulé le 5 janvier lors d'une séance sans quorum et sans la présence de Juan Guaido, empêché d'entrer par la police et l'armée. Luis Parra avait annoncé avoir bénéficié des voix de 81 députés sur les 140 présents.
Madelein Garcia, journaliste de Telesur présente à Caracas ce jour-là, relatait ainsi ce qu'elle présente comme la chronologie des événements à travers plusieurs vidéos. Selon la journaliste, Juan Guaido aurait ainsi voulu entrer à l'Assemblée avec cinq parlementaires déchus de leur immunité, et dont certains font l'objet d'un «mandat d'arrêt» en raison d'une «tentative de coup d'Etat». Malgré un ordre de ne pas les laisser entrer dans l’hémicycle, «Guaido a insisté : ou tout le monde, ou personne», précisait-elle. Sans expliquer son insistance à être accompagné de ces hommes, Juan Guaido avait préféré ne pas entrer dans l'hémicycle pour participer au vote. Il s'était alors rendu dans les locaux du journal d'opposition El Nacional où il aurait fait voter 100 personnes.
A l'issue de ce scrutin, le compte Twitter officiel de l'Assemblée nationale avait fait état de l'élection de Juan Guaido, commentant : «Ce vote démontre l'engagement des forces démocratiques au Venezuela. Malgré les différences et les menaces, l'unité et l'intérêt nationaux ont prévalu.» Toutefois, aucun détail n'avait été donné sur l'identité des 100 votants. L'incertitude avait alors gagné : qui des deux hommes était réellement président du Parlement ?
Au Venezuela, le résultat du scrutin de l'Hémicycle a été reconnu par Nicolas Maduro. Au-delà des frontières, la Russie a fait de même, tandis que les diplomaties de plusieurs pays ont préféré adresser leurs félicitations à Juan Guaido, à l'instar de pays du groupe de Lima comme le Brésil ou l'Equateur, ainsi que de la Géorgie et du Kosovo.
Par ailleurs, près de soixante pays reconnaissent Juan Guaido comme président par intérim du Venezuela depuis qu'il a revendiqué la fonction le 23 janvier 2019 en invoquant la Constitution. Pour lui, Nicolas Maduro est un «usurpateur» qui s'est maintenu au pouvoir pour un deuxième mandat à la faveur d'une présidentielle «frauduleuse» en 2018.
Autoproclamé président par intérim du Venezuela bien que fortement contesté au sein même de l'opposition, Juan Guaido a été convoqué le 2 avril par le ministère public dans le cadre d'une enquête pour «tentative de coup d'Etat» et «tentative de magnicide» contre le président élu Nicolas Maduro, ouverte «après la découverte en Colombie d'un arsenal de guerre destiné au Venezuela».