L'Italie va régulariser 200 000 clandestins pour pallier le manque de main d'œuvre agricole

L'Italie va régulariser 200 000 clandestins pour pallier le manque de main d'œuvre agricole© Marco Bertorello Source: AFP
Récolte près d'Alba dans le Nord-Ouest de l'Italie en 2018 (Image d'illustration).
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Faute de disposer de travailleurs saisonniers, bloqués dans leur pays d'origine à cause de la pandémie, l'Italie a décidé d'accorder un titre de séjour à 200 000 clandestins. La mesure est contestée par la Ligue de Matteo Salvini.

L'Italie prévoit d'adopter un décret pour régulariser 200 000 sans-papiers, dans l'objectif de pallier la pénurie de bras affectant le secteur agricole.

300 000 travailleurs saisonniers, issus principalement des pays d'Europe de l'Est, notamment de Roumanie, ont été contraints de regagner leur pays d'origine en raison de la fermeture des frontières consécutive à l'épidémie de coronavirus. Le secteur agricole trasalpin, second producteur de fruits et légumes d'Europe, était menacé de perdre 40% de ses récoltes faute de main d’œuvre.

Il faut régulariser les migrants pour les soustraire aux griffes du travail illégal

Les syndicats majoritaires italiens, Confagricoltura et Coldiretti, s'étaient prononcés pour cette régularisation, validée par les ministres de l'Intérieur, du Mezzogiorno, de l'Agriculture et du Travail qui ont trouvé un accord de principe. L'appel à venir travailler dans les champs, lancé aux Italiens chômeurs, étudiants, retraités et indépendants sur des sites dédiés, notamment via un système de bons agricoles, n'a en effet pas suffi à combler le déficit de main d’œuvre, déjà structurel dans le pays.

La ministre de l'Agriculture Teresa Bellanova appuyait cette mesure de régularisation massive depuis plusieurs mois. Car même avant l'épidémie, le nombre de travailleurs saisonniers disponibles s'avérait selon elle largement insuffisant. «Les associations d'employeurs indiquent une pénurie de main-d'œuvre saisonnière entre 270 000 et 350 000 travailleurs», a-t-elle précisé dans une interview à la presse italienne. Elle a dénoncé le fait que 600 000 travailleurs clandestins œuvraient d'ordinaire sur le territoire italien, sans contrat de travail, pour des paies de misère, exploités par des patrons sans scrupules, qu'elle assimile à une véritable mafia. La mesure de régularisation doit, elle, s'accompagner de la mise en place de véritables contrats de travail. 

«Il faut régulariser les migrants pour les soustraire aux griffes du travail illégal. Cela permet de résoudre deux problèmes : tout d'abord la sécurité sanitaire, qui est menacée pour tout le monde. Secundo, les gens qui venaient de l'étranger ne peuvent plus entrer. Donc des permis saisonniers réguliers sont nécessaires», a poursuivi Teresa Bellanova. 

La Ligue proteste

Certains partis de droite transalpins ont manifesté leur opposions à cette mesure. «Nous savons qu'il y a un manque de main d’œuvre, mais avec les bons agricoles [un système facilitant l'emploi temporaire dans le secteur agricole] que nous proposons, la réponse à ce besoin aurait déjà été apporté», a estimé Gianpaolo Vallardi, sénateur de la Ligue (parti de droite anti-immigration) et président de la commission de l'agriculture à la chambre haute du Parlement, qui considère qu'avec des machines la récolte des tomates pourrait être assurée.

Le patron de la Ligue Matteo Salvini a lui-même tweeté depuis la salle du Sénat : «Incroyable... Je suis au Sénat en train d'écouter le ministre de l'Agriculture qui vient de demander que des centaines de milliers d'immigrants illégaux travaillent dans les champs», a-t-il réagi. «Mais cela n'aurait-il pas plus de sens d'aider tous les Italiens qui ont perdu et perdront leur emploi à cause du virus, en leur donnant la priorité et des contrats, au lieu de penser à "régulariser" une armée d'immigrants illégaux», a-t-il protesté. 

D'aucuns supputent des risques liés à cette régularisation massive. Interrogé par RT France, le rédacteur en chef du magazine Putsch Matteo Ghisalberti pense que cette mesure donnera de faux espoirs aux migrants, alors que l'économie italienne, exsangue à cause de la crise, ne pourra leur proposer une situation pérenne. «On sait aussi que les filières de la mafia gèrent depuis des années une partie de ce type de travail. [...] On sait que la mafia utilise et exploite ces faiblesses», ajoute-t-il.

Pour le moment, la plupart des pays d'Europe n'ont pas souhaité régulariser leurs clandestins, en soutien à un secteur économique ou pour d'autres motifs. En revanche, le Portugal a décidé de prolonger les droits des immigrés en cours de régularisation jusqu'au 30 juin afin de les protéger durant la crise sanitaire.

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