Plan de paix au Proche-Orient : l'Arabie saoudite «apprécie» l'initiative des Etats-Unis
Rejeté frontalement par les Palestiniens, le plan de paix américain pour le Proche-Orient ne rencontre, en revanche, pas l'hostilité de Riyad : dans un communiqué, le royaume a salué «les efforts du président Trump» afin de résoudre le conflit.
Alliée de Washington, la diplomatie saoudienne ménage la chèvre et le chou dans le dossier israélo-palestinien. Ce 29 janvier, au lendemain de l’annonce par Donald Trump du plan de paix proposé par les Etats-Unis pour régler le conflit, l’Arabie saoudite a salué l’initiative américaine qui fut rejetée avec force par les Palestiniens. En totale contradiction avec le droit international, le plan de paix proposé par le président américain prévoit, entre autres, une reconnaissance des colonies annexées par Israël en Cisjordanie, et la reconnaissance de la souveraineté de l'Etat hébreu sur la vallée du Jourdain. Sans surprise, l'Etat hébreu a exprimé son entière adhésion au projet.
Le ministère saoudien des Affaires étrangères a pour sa part commenté dans un communiqué de presse : «Le royaume apprécie les efforts de l'administration du président Trump d'œuvrer pour un plan de paix complet entre les parties palestinienne et israélienne.»
Riyad ajoute que tout désaccord avec le plan américain doit être résolu par la négociation «de manière à faire avancer le processus de paix afin de parvenir à un accord qui consacre les droits légitimes du peuple palestinien». Dans le même temps, le roi Salmane ben Abdelaziz Al Saoud a assuré au président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, le soutien «inébranlable» de son pays aux droits des Palestiniens à l’occasion d’un entretien téléphonique rapporté par l’agence publique saoudienne (SPA).
Les Saoudiens toujours alignés sur la position palestinienne ?
En même temps allié stratégique des Américains et soutien affiché des Palestiniens, Riyad tente, tant bien que mal, de jouer un rôle d'équilibriste alors que les positions palestiniennes et israéliennes n'ont jamais été aussi irréconciliables. Devant les journalistes, à l'issue d'une réunion d'urgence qu’il a présidée à Ramallah en Cisjordanie, Mahmoud Abbas a affirmé que ce plan «ne passera[it] pas et finira[it] dans la poubelle de l'histoire».
La volonté manifeste de Riyad de ne pas contrarier son allié américain sur ce dossier traduit-elle un changement d’attitude de l'Arabie saoudite à l'égard d'Israël ? Alors qu’à l’instar de la majorité des pays arabes, la monarchie pétrolière ne reconnaît pas Israël, le prince héritier saoudien Mohamed Ben Salmane avait créé la surprise en affirmant dans un entretien publié le 2 avril 2018 par la revue américaine The Atlantic, que l’Etat hébreu avait le «droit» à un territoire au même titre que les Palestiniens. Par ailleurs, les deux pays se sont retrouvés ces derniers mois alliés de circonstance dans leur opposition commune face à l'Iran qu'ils accusent de déstabiliser la région. Signe de l'assouplissement des relations entre Riyad et Tel-Aviv, Israël a récemment autorisé ses citoyens à se rendre dans la monarchie wahhabite dans le cadre de voyages religieux ou d’affaires.