En visite en Espagne le 25 janvier, Juan Guaido, autoproclamé président par intérim du Venezuela et principal opposant à Nicolas Maduro, n’a pas été reçu par le chef du gouvernement, Pedro Sanchez, mais par la ministre des Affaires étrangères, Arancha Gonzalez, qui lui a toutefois réaffirmé le «soutien total du gouvernement espagnol».
«Je vous demande de ne jamais vous agenouiller face à personne, que nous restions debout le temps qu'il sera nécessaire» face à la «dictature» au Venezuela, a lancé Juan Guaido sur la célèbre place de la Puerta del sol à Madrid. Avant de crier : «Vive le Venezuela libre», alors que ses partisans brandissaient des drapeaux du pays sud-américain.
C'est une crise complexe, qui exige le dialogue
«Je demande une chose à vous tous : l'union», a continué Juan Guaido. «Je sais que nous avons commis des erreurs, je le sais. Mais nous avons de nombreuses chances. Si nous restons ensemble, nous transformerons l'essai, en poussant dans la même direction. [...] Vous n'êtes pas seuls. Nous y arriverons. Vous aurez tous vos droits. Quand vous voudrez revenir, vous le pourrez», a-t-il ensuite indiqué.
Néanmoins, la décision du chef de gouvernement socialiste Pedro Sanchez de ne pas recevoir l'opposant vénézuélien, alors qu'il avait pourtant été l’un des premiers à reconnaître Juan Guaido en février 2019, a été lourde de conséquences. En effet, ce choix lui a valu des critiques virulentes de l’opposition de droite espagnole, qui administre notamment Madrid, la capitale, où le président par intérim autoproclamé a été accueilli avec les honneurs d’un chef d’Etat.
Rencontre avec un membre du gouvernement vénézuélien quelques jours auparavant
Selon Euronews, la droite espagnole reproche notamment à Pedro Sanchez d’être «l’otage» de son partenaire de coalition, Podemos (gauche radicale), dont le chef de file, Pablo Iglesias, a été longtemps proche du gouvernement du Venezuela.
La controverse s'est amplifiée lorsque le ministre espagnol des Transports, José Luis Abalos, a reconnu avoir parlé le 20 janvier à l'aéroport de Madrid à Delcy Rodriguez, numéro deux du gouvernement de Nicolas Maduro, pourtant interdite d'entrée dans l'Union européenne. José Luis Abalos cherchait à «éviter une crise diplomatique et a réussi», a assuré Pedro Sanchez, faisant part de son «appui» total à son ministre et homme de confiance, dont la droite exige désormais la démission, d’après l’AFP.
De son côté, le Premier ministre espagnol a tenté de calmer la situation : «C'est une crise complexe, qui exige le dialogue [...] La position du gouvernement espagnol a toujours été d'incarner, à travers les institutions européennes, une réponse passant par le dialogue» entre l'opposition et Nicolas Maduro, selon l’AFP. En difficulté dans son propre pays – ses appels aux manifestations ne déplacent plus les foules et il est même contesté au sein de son propre camp – Juan Guaido est en recherche active d'appuis extérieurs dans sa lutte contre le président vénézuélien Nicolas Maduro, réélu en 2018.
C’est la raison de ses visites dans plusieurs pays européens. Présent le 21 janvier au Royaume-Uni, où Juan Guaido a rencontré le Premier ministre britannique Boris Johnson, il s’est ensuite rendu le 22 janvier à Bruxelles, puis au Forum économique de Davos le lendemain. Le 24 janvier, en France, il a été reçu par le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian et le président français Emmanuel Macron.