Le président français Emmanuel Macron a reçu ce 24 janvier au palais de l'Elysée l'opposant Juan Guaido, président de l'Assemblée nationale vénézuélienne et autoproclamé président par intérim. En difficulté dans son propre pays – ses appels aux manifestations ne déplacent pas les foules et il est même contesté au sein de son propre camp – Juan Guaido est en recherche active d'appuis extérieurs. Avant de rencontrer le locataire de l'Elysée, il s'est entretenu avec le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian.
«Seuls, nous n'y arriverons pas», avait-il d'ailleurs lancé la veille au Forum économique mondial de Davos, estimant lutter contre un «conglomérat international et criminel». «Nous avons besoin de votre aide», avait-il encore dit, alors qu'au Venezuela, ses bureaux ont été perquisitionnés. D'après la présidence française, Emmanuel Macron et Juan Guaido se sont entretenus ce 24 janvier «pour mettre en œuvre un processus électoral».
La position française sur la question ne fait par ailleurs pas l'unanimité au sein de l'Union européenne. La tournée européenne de Juan Guaido ne passera en effet pas par Madrid, le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez ayant décidé de ne pas le rencontrer alors qu'il avait pourtant été l'un des premiers dirigeants européens à le reconnaître comme président par intérim du Venezuela.
«Situation paradoxale»
Le 4 février dernier, dans les pas de l'Union européenne et de Washington, le président de la République Emmanuel Macron avait fait savoir que la France reconnaissait Juan Guaido, président de l'Assemblée nationale, comme «"président en charge" pour mettre en œuvre un processus électoral».
Une décision prise suite à un ultimatum lancé quelques jours plus tôt par l'Espagne, la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni, les Pays-Bas et le Portugal contre Nicolas Maduro, lui enjoignant d'organiser une nouvelle élection présidentielle, faute de quoi ils reconnaîtraient, à l'instar des Etats-Unis, Juan Guaido comme président par interim.
Malgré tout, la position française – comme européenne – n'est pas aussi claire qu'il n'y paraît, les représentations diplomatiques des deux pays continuant de travailler ensemble normalement. C'est ce qu'à confié dans une interview accordée à RT France le vice-ministre vénézuélien pour l'Europe, Ivan Gil : «C'est une situation paradoxale sur laquelle il faudrait interroger les gouvernements de l'Union européenne et le gouvernement français. [...] Avec l'Europe, nous avons maintenu une communication et nous avons maintenu nos ambassades, qui fonctionnent normalement. Notre ambassadeur ici à Paris, Michel Mujica, est reconnu par les autorités françaises.»