Des photos du cadavre et de la cellule de Jeffrey Epstein sèment le doute sur la cause de sa mort
Des photographies du cadavre et de la cellule de Jeffrey Epstein, diffusées par la chaîne CBS News, soulèvent des doutes sur la cause officielle de sa mort, à savoir un suicide par pendaison. De quoi relancer les spéculations...
La mort dans sa cellule du prédateur sexuel Jeffrey Epstein, ami des puissants, continue de susciter d'intenses spéculations outre-Atlantique. En août 2019, l'autopsie avait conclu à un suicide par pendaison, mettant de fait un terme aux poursuites concernant l'homme d'affaires accusé d'avoir exploité sexuellement des jeunes filles mineures, et privant ainsi les victimes présumées d'un procès qui s'annonçait retentissant, car impliquant potentiellement des personnalités – américaines ou non – de haut rang.
Depuis, une avalanche de révélations a fait naître un doute légitime quant à ses conclusions, au point que la phrase «Epstein didn't kill himself» (Epstein ne s'est pas suicidé, en anglais) s'est convertie en un «mème» très populaire sur Internet, qui s'est invité jusqu'à la cérémonie des Golden Globes.
Est-ce que Jeffrey Epstein, qui mesurait environ 1m80 et pesait 84 kilos a pu se pencher pour se pendre à la couchette inférieure ?
Et les éléments que vient de révéler 60 Minutes – l'émission phare de la chaîne américaine CBS – ne sont certainement pas de nature à lever ce doute, bien au contraire. Dans celle-ci, une série de clichés de l'intérieur de la cellule ont en effet été publiés. Selon les termes des journalistes de la chaîne, ceux-ci «donnent un nouvel éclairage et soulèvent potentiellement de nouvelles questions» sur la mort du millionnaire.
Une marque sur le cou au cœur des spéculations
Elles montrent notamment plusieurs nœuds coulants, visiblement fabriqués avec des draps. Un bout de tissu est également resté accroché dans un trou de la structure en métal du lit, à un peu plus d'un mètre du sol. «Est-ce que Jeffrey Epstein, qui mesurait environ 1m80 et pesait 84 kilos, a pu se pencher pour se pendre à la couchette inférieure ? Nous ne le savons pas», commente prudemment CBS. Les clichés soulèvent par ailleurs une autre question : pourquoi aurait-il fait des nœuds coulants avec des draps, alors qu'il avait à sa disposition des câbles électriques ?
Autre point déroutant : il n'y a pas de photographie du corps du prédateur sexuel dans sa cellule tel qu'il a été retrouvé, ce qui aurait permis de mieux comprendre de quelle manière il aurait mis fin à ses jours. D'autant que les clichés disponibles de son cadavre montrent une marque sur le cou, qui, d'après le médecin légiste Michael Baden – présent lors de l'autopsie à la demande du frère de Jeffrey Epstein – ne correspond pas à celle qu'aurait laissée une pendaison, car elle n'est pas située sous la mâchoire mais plutôt au niveau de la thyroïde de la victime.
Enfin, Michael Baden a rappelé l'élément-clé qui tend selon lui à privilégier la piste de l'assassinat, à savoir les fractures qu'il a constatées sur le cou de Jeffrey Epstein. «Il y avait des fractures de la gauche et de la droite du cartilage thyroïde, et de l'os hyoïde gauche», a-t-il souligné. «Je n'ai jamais vu trois fractures comme celle-ci dans un suicide par pendaison. Après avoir constaté un millier de suicides par pendaison dans les prisons new-yorkaises sur les 40-50 dernières années, aucun ne présentait trois fractures», a encore précisé le médecin légiste.
Proche de plusieurs personnalités du monde de la finance et de la politique, Jeffrey Epstein avait été arrêté le 6 juillet et inculpé à New York pour avoir organisé, de 2002 à 2005 au moins, un réseau constitué de dizaines de jeunes filles, certaines collégiennes, avec lesquelles il aurait eu des rapports sexuels contraints dans ses nombreuses propriétés, notamment à Manhattan et en Floride, et dont il aurait fait profiter plusieurs de ses amis.