Pour l'ambassadeur russe à l'ONU, «les USA ne veulent pas faire de mal au gouvernement syrien»

Vitali Tchourkine, qui représente la Russie auprès des Nations Unies, a affirmé dans un entretien avec la chaîne américaine CBS News que les USA n'avaient pas l'intention de faire du mal au gouvernement syrien, dans leur lutte contre l'EI.
«Il y a une chose que [la Russie] partage avec les États-Unis, avec le gouvernement américain : ils ne veulent pas que le gouvernement de Bachar el-Assad tombe». C'est Vitali Tchourkine, l'ambassadeur de la Russie à l'ONU qui a fait cette estimation, lors d'une interview accordée à CBS News. Interrogé sur la situation au Moyen-Orient, le diplomate a souligné plusieurs intérêts communs entre les deux superpuissances. Des affirmations qui dénotent un rapprochement des deux nations, dans le cadre de la lutte contre le groupe État Islamique (EI) et le règlement de la guerre civile en Syrie.
Si Russes et Américains s'accordaient jusqu'ici à dire que l'EI représentaient une menace importante pour la région et que c'était un ennemi à combattre, un point de discorde persiste encore entre eux : que faire de Bachar el-Assad ? Alors que Moscou continue de penser que le président syrien doit faire partie de la solution, Washington estime qu'il doit renoncer au pouvoir pour qu'une résolution du conflit soit envisageable. Mardi 9 septembre, le président Barack Obama a qualifié le soutien russe à el-Assad de «grave erreur» et le chef de la diplomatie John Kerry a affirmé qu'il ne serait jamais un «membre crédible» de la coalition internationale contre Daesh.
Had frank discussions with President #Putin & FM #Lavrov on key issues including #IranTalks, #Syria, #Ukraine. pic.twitter.com/KDHrXgB0oH
— John Kerry (@JohnKerry) 12 Mai 2015
Cette ligne politique, adoptée par Washington depuis le début du conflit syrien, en 2011, n'est pas aussi invariable qu'elle le semble, si l'on en croit Vitali Tchourkine. «Ils veulent combattre Daesh sans faire de mal au gouvernement syrien», a assuré l'ambassadeur, précisant néanmoins que «d'un autre côté, ils ne veulent pas que les autorités syriennes soient avantagées par leur campagne militaire». «C'est très complexe», a-t-il judicieusement résumé. Un élément ressort toutefois de ces spéculations : les deux superpuissances seraient de moins en moins en désaccord sur la technique à adopter en Syrie. «Selon moi, une grande inquiétude des USA est que le gouvernement de Bachar el-Assad tombe et que Daesh prenne le contrôle du pays», ajoute Tchourkine. «Ils ont peur d'être considérés comme responsable d'une telle situation».
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D'autres éléments viennent témoigner de ce possible rapprochement entre les deux superpuissances. D'une part, la volonté américaine de voir entrer la Russie dans la coalition contre Daesh, avec le secrétaire d’État rappelant à plusieurs reprises à son homologue russe Serguei Lavrov que la Fédération serait la bienvenue au sein des forces d'attaque. D'autre part, la concession faite par Moscou de laisser – et même d'aider – le Conseil de sécurité des Nations-Unies enquêter sur les auteurs de l'utilisation des armes chimiques. Utilisées à plusieurs reprises sur le sol syrien contre des rebelles de l'Armée syrienne libre, les armes chimiques sont fréquemment attribuées au gouvernement de Bachar el-Assad.
Earlier today, Secretary @JohnKerry spoke with Russian Foreign Minister Lavrov about the ongoing conflict in #Syria. http://t.co/4Pbx6G7orR
— Department of State (@StateDept) 16 Septembre 2015
Washington et Moscou auront une nouvelle occasion de résoudre leurs divergences fondamentales, le 30 septembre 2015, lors d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU, dont la présidence tournante sera assuré par la Russie, via Serguei Lavrov.