Après l'expulsion de deux diplomates russes d'Allemagne, place à la détente ?
Le 5 décembre, Angela Merkel et Sergueï Lavrov se sont adressés l'un à l'autre par médias et conférences de presse interposés, faisant écho à l'enquête en cours suite au meurtre d'un Géorgien à Berlin le 23 août.
Alors que deux membres de l'ambassade russe en Allemagne ont été sommés de quitter le pays «avec effet immédiat» – la Russie étant accusée de n'avoir pas «suffisamment coopéré» dans l'enquête sur le meurtre d'un Géorgien à Berlin – la chancelière allemande, Angela Merkel, a mis en garde le 5 décembre contre toute spéculation sur le meurtre du ressortissant géorgien à Berlin, et proposé d’attendre les résultats de l’enquête des procureurs allemands.
«Nous avons entendu dire que le bureau du procureur général avait des soupçons [concernant l’implication de la Russie]. Je ne pense pas qu’il soit logique de répondre à cette spéculation maintenant, mais nous devrions plutôt attendre les conclusions du bureau du Procureur général», a déclaré Angela Merkel lors d’une conférence de presse consécutive à plusieurs entretiens avec le président kazakh Kassym-Jomart Tokaïev.
Lors d’une conférence de presse à Londres le 4 décembre, dans le cadre du 27e sommet de l'OTAN, la chancelière allemande a indiqué qu’elle ne pensait pas que l’expulsion des diplomates aurait une incidence sur la rencontre de Paris prévue pour le 9 décembre, qui portera sur l’Ukraine et la manière de faire progresser le processus de Minsk.
Quelques heures avant, le ministère allemand des Affaires étrangères avait annoncé l’expulsion de deux membres du personnel de l’ambassade de Russie, accusés de «coopération insuffisante» dans l’affaire du meurtre. Les procureurs allemands avaient alors déclaré qu’il y avait «suffisamment de raisons de croire que le meurtre avait été ordonné par des organes de l’Etat russe ou par les autorités de la République tchétchène, qui fait partie de la Fédération russe».
Dans le même temps, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, avait qualifié les «allégations sur la participation de la Russie au meurtre» d’«absolument dénuées de fondement».
Lavrov appelle à respecter les canaux traditionnels de communication
L’Allemagne doit utiliser les voies spécialement destinées aux communications entre les forces de l’ordre des deux pays, a déclaré le 5 décembre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, commentant les accusations de Berlin contre Moscou.
«Nous avons des canaux de communication avec l’Allemagne pour les forces de l’ordre, y compris pour traiter des problèmes liés aux violations de la législation d’un pays. Il est nécessaire d’utiliser ces canaux», a ainsi préconisé à la presse Sergueï Lavrov en marge du Conseil ministériel de l’OSCE à Bratislava.
Il par ailleurs noté que les accusations selon lesquelles la Russie ne coopérait pas à l'enquête étaient récurrentes de la part des pays occidentaux.
Paris «solidaire de Berlin»
Le 6 décembre, la France s’est elle dite «solidaire» de l’Allemagne à propos de l’expulsion de deux diplomates russes de leur ambassade à Berlin. «Nous avons pris acte de la décision allemande, nous la comprenons, nous sommes solidaires de l’Allemagne», a communiqué la présidence française.
A trois jours d’un sommet au format Normandie réunissant la France, l'Allemagne, la Russie et l'Ukraine, qui «permettra d'ouvrir une nouvelle séquence de mise en œuvre des accords de Minsk», l'heure semble donc à l’apaisement et à la résolution de la crise diplomatique.
Lire aussi : Ukraine : un sommet au «format Normandie» aura lieu le 9 décembre à Paris