Dans une interview exclusive accordée à RT, le président syrien, Bachar el-Assad, a souligné qu’il était hypocrite, de la part des nations de l’Union européenne (UE), d’avoir peur que la Turquie «ouvre les portes» du Vieux continent aux migrants, comme l’a plusieurs fois laissé entendre le président Recep Tayyip Erdogan, alors que les pays en question apportent, selon Damas, «leur soutien aux terroristes en Syrie».
«Comment pouvez-vous [les pays de l’UE] avoir peur de ces quelques millions [de migrants], alors que la majorité d’entre eux sont des modérés […] pendant que vous soutenez directement des dizaines voire des centaines de milliers de terroristes en Syrie dont vous n’avez pas peur qu’ils se retournent contre vous ?», s’est ainsi interrogé le chef d'Etat syrien au micro d’Afshin Rattansi.
Reconnaissant qu’il y avait tout de même «quelques terroristes» parmi les flux de «réfugiés» ayant fui le pays déchiré par la guerre et les attentats, le président syrien a fait valoir que «la chose la plus dangereuse pour l’Europe» était d’apporter «son soutien aux terroristes en Syrie».
Enfin, Bachar el-Assad est revenu sur la relation entre l’Union européenne et la Turquie. «La relation entre Erdogan et l’UE se résume en deux points : ils [les pays de l’UE] le détestent mais ils ont besoin de lui. Ils le détestent car ils savent que c’est un fanatique islamiste, ils le savent très bien, mais ils savent aussi qu’il peut leur envoyer des extrémistes voire des terroristes», a analysé le dirigeant syrien.
Alors que la situation semble s’être stabilisée dans le nord du pays depuis la fin de l’offensive turque contre les Kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) suivie par la mise en place de patrouilles communes entre la Russie et la Turquie – et que la première réunion du Comité constitutionnel syrien s’est tenue le 30 octobre à Genève – Ibrahim Kalin, le porte-parole de la présidence turque, a annoncé, le 8 novembre, la tenue d’un sommet quadripartite réunissant Emmanuel Macron, Recep Tayyip Erdogan, Boris Johnson et Angela Merkel. Il est prévu pour le mois prochain, à Londres, en marge du sommet de l’OTAN qui se tiendra les 3 et 4 décembre. Le sort des Kurdes devrait y être largement discuté. La veille, le ministre turc de l'Intérieur, Süleyman Soylu, avait assuré vouloir «renvoyer» dans leur pays d'origine les combattants étrangers du groupe Etat islamique détenus par Ankara, et ce dès le 11 novembre.
L'interview en intégralité :