Le président syrien Bachar al-Assad s’est rendu le 22 octobre à Idleb, à quelques pas de la ligne de front de la région contrôlée en partie par les djihadistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTS, anciennement le Front al-Nosra, branche syrienne d'al-Qaïda). Accompagné de son ministre de la défense, Ali Abdoullah Ayyoub, le chef d’Etat syrien a rappelé, d’après des propos repris par l’agence de presse officielle syrienne Sana, que «ce que nos forces armées ont réalisé lors de la libération récente de Khan Cheikhoun et des villages qui l’entourent fait partie d’une série de victoires […] de l’armée syrienne dans la guerre contre le terrorisme».
Il a par ailleurs souligné que ces récentes victoires étaient «le résultat d’efforts monumentaux et de grands sacrifices de la part des héros de l’armée syrienne», ajoutant que ceux-ci incarnaient «la volonté du peuple de défendre et de protéger la patrie». Plusieurs clichés mis en ligne par la présidence syrienne montrent le président discutant avec les soldats de l’armée régulière dans la ville d’al-Habit, à quelques kilomètres à l’ouest de Khan Cheikhoun.
Bachar el-Assad a qualifié Recep Tayyip Erdogan de «voleur» après l’offensive lancée par le président turc le 9 octobre contre la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), et avertit que la fin de la bataille d’Idleb était «la base pour mettre fin au chaos et au terrorisme en Syrie». Il a, de plus certifié, vouloir reprendre jusqu’à la dernière once de territoire syrien.
Durant son entrevue avec les soldats, le président syrien a adressé un message aux dirigeants arabes. «Tout comme le soldat qui ne sait pas lire une carte militaire du champ de bataille, le politicien qui ne réussirait pas à lire la carte politique [en Syrie] pourrait causer de graves dommages à son pays et le placer dans une positions dangereuse. C’est ce qui est arrivé à un certain nombre de politiciens arabes dont les positions ont abouti à ce que la situation arabe soit dans cet état», a-t-il fait valoir.
Bachar el-Assad a en outre exhorté «ceux qui souhaitent comprendre la situation actuelle en Syrie» à se rendre «sur le terrain». Ce déplacement était son premier dans la région depuis le début du conflit en 2011.
Cette visite aux soldats syriens sur la ligne de front a précédé la rencontre entre Vladimir Poutine et son homologue turc à Sotchi, au cours de laquelle a été décidée une prise de contrôle en commun de la frontière turco-syrienne.
«Avec Vladimir Poutine, nous avons conclu un accord historique», s’est réjoui le président turc à l’issue des négociations. «Ces décisions sont selon moi très importantes, voire décisives, et vont permettre de régler une situation très tendue», a pour sa part affirmé Vladimir Poutine.
Le dirigeant syrien s’est entretenu avec le président russe au téléphone, lui rappelant qu’il poursuivrait la lutte contre le terrorisme «par tous les moyen légitimes», et soulignant le «refus total» de toute invasion de la Syrie, d’après des propos rapportés par l’agence Sana.
Le 9 octobre, la Turquie avait lancé, après le retrait des troupes américaines, l’opération «Source de paix» dans le nord de la Syrie, visant à déloger les YPG de leurs positions le long de la frontière turque. Le 22 octobre au soir, dans un communiqué mis en ligne par le ministère turc de la Défense, Ankara a annoncé qu’elle ne reprendrait pas son offensive militaire contre les YPG.
La zone d’Idleb est, elle, toujours dominée par les djihadistes de HTS et la mise en place d’une trêve dans la région s’est avérée beaucoup plus difficile que prévue.