A Strasbourg, Macron salue le retour de la Russie à l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe
A l'occasion du 70e anniversaire du Conseil de l'Europe, le chef de l'Etat s'est rendu à Strasbourg. Evoquant le socle «des valeurs européennes» partagées par les pays membres, il s'est réjoui du retour de la Russie à l'Assemblée parlementaire.
Le président de la République Emmanuel Macron s'est rendu à Strasbourg ce 1er octobre à l'occasion du 70e anniversaire du Conseil de l'Europe. Réitérant son souhait de consolider le socle «des valeurs européennes», il a exprimé devant les parlementaires de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE) sa satisfaction de voir la Russie revenir au sein de cette organisation.
N’oublions jamais tout ce que l’entrée de la Russie dans notre organisation a pu apporter de manière tangible, concrète, à tous les citoyens russes
«Je soutiens pleinement le choix qui a été fait de maintenir la Russie dans le Conseil de l’Europe. Car je crois que le peuple russe se reconnaît fondamentalement dans l’humanisme européen. Parce ce qu’il a participé à sa construction. Parce ce que la géographie, l’histoire et la culture de la Russie sont fondamentalement européennes», a déclaré le chef de l'Etat.
«N’oublions jamais tout ce que l’entrée de la Russie dans notre organisation a pu apporter de manière tangible, concrète, à tous les citoyens russes : le moratoire sur la peine de mort, le recours individuel et la juridiction obligatoire. La possibilité pour les citoyens russes de défendre leurs droits devant la Cour européenne contre leur gouvernement», a-t-il souligné. Selon Emmanuel Macron, l’exclusion de la Russie de cette organisation aurait à nouveau privé les citoyens russes de ces droits.
S’adressant à ceux qui se sont opposés à une réintégration de la Russie au sein du Conseil de l’Europe, Emmanuel Macron a objecté qu’un tel retour permettrait de faciliter la résolution de plusieurs conflits dont celui qui secoue l’Ukraine. Pour justifier son propos, il a cité l'exemple du récent échange historique de prisonniers entre la Russie et l'Ukraine parmi lesquels figurait le cinéaste ukrainien Oleg Sentsov.
«Avant de vous rejoindre, [...] j’étais avec Oleg Sentsov [...] Il est là aujourd'hui à Strasbourg, libre. C'est le résultat de l’avancée que fut l’échange de prisonniers intervenu il y a quelque semaines entre la Russie et l’Ukraine», a-t-il déclaré.
Au terme de neuf heures de délibération dans la nuit du 24 au 25 juin, les parlementaires des Etats membres du Conseil de l'Europe avaient voté pour permettre à la délégation russe de participer de nouveau à l'APCE, organisation internationale créée en 1949 et regroupant aujourd'hui 47 pays, parmi lesquels les 28 pays membres de l'UE. Cet épisode était intervenu dans un contexte favorable aux coopérations entre la Russie et certains pays européens. Le 24 juin dernier, les chefs du gouvernement français et russe se rencontraient par exemple au Havre, soulignant que leurs pays respectifs n'avaient jamais rompu ni le dialogue ni la coopération, notamment économique.
La Crimée évoquée
A l'issue de son discours ce 1er octobre, Emmanuel Macron a répondu aux questions de plusieurs parlementaires. Certains, à l'image du porte-parole du groupe libéral, le Belge Hendrik Daems, ont consacré leur intervention au dossier ukrainien. Evoquant la nouvelle approche de la France dans ses relations avec la Russie, le parlementaire a demandé si le chef de l'Etat allait «accepter l’annexion illégale de la Crimée par la Russie». Le rattachement de cette région à la Russie en 2014 par la voie référendaire est toujours considéré comme une invasion territoriale par plusieurs instances européennes, dont l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE).
En réponse, le chef de l'Etat – qui a affirmé que la limite de l’intangibilité des frontières avait été «franchie» dans le dossier criméen – a estimé que la décision de suspendre la participation de la Russie à l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, avait été contre-productive. «Je partage totalement votre indignation première mais je pense que la décision initialement prise ne répondait en rien à l'indignation et avait des conséquences contraires à celle-ci», a-t-il lancé.