La France persiste dans son refus de rapatrier les femmes et enfants de djihadistes
La gouvernement poursuit sa politique initiée en mars 2019 malgré les plaintes pour faciliter le retour des femmes et enfants de djihadistes. Le danger réside-t-il dans leur participation à la formation d'une nouvelle génération du Djihad en prison ?
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a annoncé jeudi 19 septembre «être intraitable» sur le refus de la France de rapatrier les femmes et enfants de djihadistes français partis rejoindre les rangs de Daech en zone irako-syrienne entre 2014 et 2019. Dans son intervention, Jean-Yves Le Drian a souligné que ces membres de Daech étaient «allés combattre la France», soulignant qu'ils avaient «tué des Français en France à partir de leurs bases». En conséquence de quoi, le chef de la diplomatie française a soutenu qu'il fallait «qu’ils soient jugés sur les lieux où ils ont commis leurs crimes».
Les femmes et enfants de ces djihadistes français – en grande majorité en bas âge – sont détenus dans les camps de réfugiés d'Al-Hol, de Rukban, et dans les prisons kurdes et irakiennes ou les djihadistes s'entassent depuis l'effondrement du califat de Daech en février-mars 2019.
Comme lors du passage d'al-Baghdadi et de ses partisans à la prison irakienne de Bucca, alors sous contrôle américain, entre 2004 et 2008, la prison et les camps de réfugiés peuvent servir de lieu de formation pour les djihadistes, ils y apprennent ou perfectionnent les fondements théologiques mais également les méthodologies de l'action terroriste. La question du sort de ces femmes et enfants de djihadistes est ainsi d'une grande importance pour Daech.
L'annonce de Jean-Yves Le Drian fait suite à d'autre refus de la même nature en mai 2019, lorsque le gouvernement avait refusé le retour des mineurs et de leurs mères djihadistes. Des grands-parents avaient alors saisi la CEDH, tandis que leurs avocats avaient dénoncé une «violation des droits de l'homme». La France fait l'objet depuis janvier 2019 de nombreuses plaintes auprès des instances internationales réclamant le rapatriement des femmes et des enfants de djihadistes.
Une dizaine de familles de djihadistes Français ont ainsi déposé plainte le 16 septembre contre le ministre des Affaires étrangères pour «omission de porter secours» aux femmes et enfants de djihadistes qui sont actuellement dans des camps de réfugiés ou dans des prisons kurdes et irakiennes.
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