Le cas de Philippe Delpal, «épine» dans le pied du commerce franco-russe pour Le Drian
Le ministre des Affaires étrangères français est revenu sur le cas du financier français Philippe Delpal, mis en cause dans une affaire de détournement et assigné à résidence en Russie, lors de la rencontre interministérielle franco-russe.
Interrogé le 9 septembre lors de sa visite à Moscou par un journaliste lui demandant de préciser sa position sur l'affaire Philippe Delpal, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a qualifié ce dossier d'«épine» dans la normalisation des relations, notamment commerciales, entre les deux pays.
«Monsieur Delpal est conseiller du commerce extérieur, il a une activité ici depuis longtemps et donc si on veut renforcer la qualité de nos échanges, la crédibilité de notre coopération économique [...] le cas de Delpal est une épine», a déclaré le ministre.
Jean-Yves Le Drian a par ailleurs décrit comme «difficilement acceptable» la mise sous résidence surveillée du financier, poursuivi par la justice russe pour des suspicions de détournements de fonds massifs.
«Nous continuons à être très attentifs à ce que les droits fondamentaux de monsieur Delpal soient pris en compte et respectés, qu’il bénéficie d’un traitement équitable et respectueux de ses droits», a-t-il tenu à rappeler.
Une affaire mauvaise pour les affaires ?
Vivant depuis une quinzaine d'années en Russie avec femme et enfants, Philippe Delpal a été placé en détention provisoire en février dernier. L'homme d'affaires est soupçonné, avec l'Américain Michael Calvey, fondateur et directeur de Baring Vostok, un des plus importants fonds d'investissement en Russie, d'avoir détourné au moins 2,5 milliards de roubles (environ 33 millions d’euros) au détriment de la banque russe Vostotchny.
Philippe Delpal a de son côté toujours plaidé son innocence, évoquant un banal conflit d’affaires pour lequel ses accusateurs ont été déboutés devant une cour d’arbitrage à Londres.
Il a été libéré le 15 août et placé en résidence surveillée quelques jours avant la visite de Vladimir Poutine en France au fort de Brégançon.
Le chef d'Etat russe avait, dès l'arrestation de l'homme d'affaire en février, conseillé à la justice de limiter les détentions provisoires dans ce type d'affaires. «Lorsqu'on enquête sur des affaires économiques, il est nécessaire de limiter strictement les motifs de prolongation à répétition des durées de détention», avait-il préconisé.
Vladimir Poutine avait par ailleurs déclaré que les «entreprises honnêtes» étrangères, ne devaient «pas se sentir constamment menacées» par des procédures judiciaires, et ce dans l'intérêt économique du pays.
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