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Le Drian et Parly à Moscou : la France espère établir une base de «confiance» avec la Russie

Les ministres français des Affaires étrangères et de la Défense se rendront le 9 septembre à Moscou pour participer à la 12e réunion du Conseil de coopération de sécurité russo-français. Une première depuis 2014 et le début des sanctions anti-russes.

Le 9 septembre, Moscou accueillera la 12e réunion du Conseil de coopération de sécurité russo-français avec la participation de Jean-Yves le Drian et Florence Parly, respectivement ministres des Affaires étrangères et de la Défense. Avant son départ, Jean-Yves le Drian a affirmé que le but affiché de ces rencontres était d'établir une base de «confiance» avec la Russie.

«Le président de la République [Emmanuel Macron] a souhaité qu'on puisse essayer d'envisager de passer d'une défiance un peu absolue à des éléments de confiance. C'est ce que nous allons essayer de faire avec Florence Parly à Moscou demain», a-t-il expliqué dans l'émission politique Le Grand rendez-vous Europe1/CNEWS/Les Echos. Les deux ministres vont retrouver leurs homologues en format «2+2», dans le cadre d'un dialogue intergouvernemental, pour la première fois depuis le rattachement par référendum de la Crimée à la Russie en 2014, que l'Union européenne (UE) juge illégal et dénonce comme une «annexion».

«On sait que ce sera long. Nous allons là-bas sans naïveté», a souligné le chef de la diplomatie française, interrogé sur les inquiétudes qu'une telle démarche puissent susciter chez les partenaires de la France, des Etats-Unis et des pays de l'est de l'Europe. Lors d'une visite le 7 septembre à Paris, le chef du Pentagone, Mark Esper, avait de son côté mis en garde contre «l'influence néfaste de la Russie sur le continent» européen, qui vise, selon lui, «à affaiblir l'Otan».

Plusieurs dossiers internationaux sur la table

«On connaît nos désaccords [avec la Russie] mais peut-être pouvons-nous embrayer sur un certain nombre d'accords : la lutte contre le terrorisme, la collaboration dans le spatial, le renforcement de la relation économique, le renforcement des relations entre les sociétés civiles, l'appréciation des crises ensemble», a esquissé Jean-Yves Le Drian. «[En Ukraine], je pense qu'il y a une opportunité, une porte entrouverte pour commencer à avancer sur le règlement de ce conflit », a-t-il souligné après l'échange historique de 70 prisonniers entre l'Ukraine et la Russie, effectué la veille.

«Un échange de prisonniers, cela n'avait pas eu lieu depuis longtemps, donc je considère que c'est un signe positif d'une bonne évolution, encore faut-il qu'il y en ait d'autres», a également commenté le ministre des Affaires étrangères, en appelant la Russie à «des actions de déminage et de désarmement d'armes lourdes dans les secteurs concernés» et l'Ukraine à «engager les réformes institutionnelles qui sont prévues dans les accords [de paix] de Minsk».

Jean-Yves Le Drian a d'ailleurs exclu toute levée des sanctions européennes tant que ces étapes ne seraient pas franchies. «Nous n'allons pas à Moscou demain pour lever des sanctions», a-t-il insisté.

«Le processus de Minsk, en Format Normandie pour sa mise en œuvre, doit avancer pour permettre une stabilisation en Ukraine et alors progressivement les sanctions pourraient être révisées mais pour l'instant, nous n'y sommes pas», a-t-il insisté.

Une attention particulière sera par ailleurs accordée à la prévention de la mise en place d'armes dans l'espace. Les ministres discuteront de la situation actuelle en Iran, notamment des efforts déployés par la Russie et la France pour maintenir le plan d'action commun. Les questions liées à la Corée du Nord et à la situation au sein de l'organisation pour l'interdiction des armes chimiques seront également examinées.

Un sommet de paix dit de «Format de Normandie» et réunissant les chefs d'Etat ukrainien, russe, allemand et français pourrait être organisé en septembre, pour la première fois depuis octobre 2015. Emmanuel Macron avait appelé fin août à «repenser le lien avec la Russie», estimant que la «pousser loin de l'Europe» était «une profonde erreur». Le chef de l'Etat avait aussi exhorter à «explorer les voies d'un tel rapprochement», sous «conditions». Evoquant un «Etat profond» potentiellement anti-russe, le chef de l’Etat avait intimé aux diplomates français de dépasser le sentiment de «défiance» qu'ils pouvaient avoir vis-à-vis de ce pays. «Moi, je ne le sens pas. Je sens au contraire dans cette initiative beaucoup d'intérêt et de mobilisation de la part des diplomates», avait répondu Jean-Yves Le Drian.

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