Condamné à 20 ans de prison en Russie en 2015 pour terrorisme et trafic d'armes, le réalisateur et cinéaste ukrainien Oleg Sentsov aurait été transféré à Moscou depuis sa colonie pénitentiaire russe située dans la région de Iamalie – au-delà du cercle polaire arctique russe – selon une source contactée par l’agence de presse Tass. «Sentsov a été transféré de la colonie de Labytnangui à Moscou. Il est actuellement détenu dans l'un des centres de détention provisoire de la capitale», a ainsi déclaré l'interlocuteur de l'agence sans donner plus de précisions.
Rien n'indique néanmoins qu'il pourrait faire partie de l'échange de prisonniers sur lequel se sont mis d'accord la Russie et l'Ukraine. De son côté, l'avocat du ressortissant ukrainien, Dmitry Dinze, n’a ni confirmé ni démenti cette information. Il a également déclaré à Tass ne pas savoir si son client serait dans un proche avenir échangé contre des Russes condamnés en Ukraine.
La veille, le journaliste russe Kirill Vychinski, accusé de «haute trahison» par Kiev a été libéré par les autorités ukrainiennes alors qu'il était incarcéré depuis plus d'un an à titre préventif.
Oleg Sentsov, 42 ans, avait entamé une grève de la faim en mai 2018 pour «demander la libération de tous les prisonniers politiques». Il l'avait cessée au mois d'octobre de la même année afin de ne pas être alimenté de force. Mi-octobre, les membres de la famille du cinéaste avaient assuré que celui-ci avait été placé en réanimation après la dégradation de son état de santé. L’administration pénitentiaire russe avait alors démenti cette information et décrit son état comme «satisfaisant».
Le cinéaste a été condamné par un tribunal militaire russe à 20 ans d'incarcération dans une prison à sécurité maximale en 2015 après avoir été déclaré coupable d'avoir incendié deux bureaux en Crimée, dont l'un appartenant au parti politique au pouvoir en Russie. Oleg Sentsov a également été reconnu coupable de complot en vue de faire sauter une statue. Il a pour sa part toujours clamé son innocence. Sa condamnation, prononcée en août 2015, a été dénoncée par l'ONG Amnesty International, par Kiev, l'Union européenne et les Etats-Unis.