Le Syrien auteur du meurtre à l'origine des manifestations à Chemnitz condamné à neuf ans de prison
- Avec AFP

Un Syrien de 24 ans a été condamné à neuf ans et demi de prison pour le meurtre à l'arme blanche d'un Allemand à Chemnitz. Un homicide à l'origine, en 2018, de manifestations en série dans la ville.
Le tribunal de Dresde a jugé coupable Alaa Sheikhi du meurtre de l'Allemand Daniel Hillig, 35 ans, le 26 août 2018 après une dispute dont l'origine n'a jamais pu être établie. Ce coiffeur syrien, arrivé en Allemagne en 2015, comme des centaines de milliers d'autres demandeurs d'asile lorsque Angela Merkel a refusé de fermer les frontières de son pays, était poursuivi pour meurtre en réunion et blessure grave.
Il avait également blessé un ami de la victime, qui avait dû être hospitalisé durant plusieurs jours, selon le parquet. «Il n'y a aucun doute sur la culpabilité de l'accusé», a expliqué la présidente du tribunal. Alaa Sheikhi a été condamné à neuf années et demi de prison, soit pratiquement la peine requise par le parquet, qui était de 10 ans.
La défense avait, de son côté, plaidé l'acquittement, faute de preuve. Ses avocats, qui avaient mis en garde durant le procès contre la tentation de prononcer une condamnation pour «apaiser Chemnitz» et éviter de nouveaux incidents, ont annoncé faire appel du jugement.
Ce verdict intervient à quelques jours du premier anniversaire du début de ces graves échauffourées ayant suivi l'homicide et de protestations diverses dans la ville de Chemnitz, à l'appel du mouvement Pegida (Les Européens patriotes contre l’islamisation de l’Occident), et dont les images avaient fait le tour du monde.
Il survient aussi à dix jours d'élections dans la région même de Chemnitz, la Saxe, et dans celle voisine du Brandebourg, deux Länder de l'ex-RDA devenus des bastions du parti populiste Alternative pour l’Allemagne (AfD). Ce mouvement, qui siège depuis deux ans au Bundestag, pourrait y réaliser les meilleures performances de sa jeune histoire, porté par son discours contre l'immigration de masse, ainsi que par le ras-le-bol d'un partie de la population qui s'estime abandonnée par les élites.
Les «chasses collectives» aux migrants, une «fausse information» selon le renseignement
Quelques heures après cet homicide, un millier de personnes s'étaient rassemblés à Chemnitz, ville moyenne de l'ex-RDA communiste, dans une manifestation émaillée de chants xénophobes. La chancelière Angela Merkel avait à l'époque dénoncé «la haine» et les «chasses collectives» contre des étrangers s'appuyant sur une vidéo amateur diffusée sur internet. La quasi-totalité des médias allemands avaient également fait état de chasses aux migrants, ce qui avait suscité un vif émoi dans l'opinion et dans la classe politique.
Pourtant, cette assertion avait été démentie quelques semaines plus tard par le chef du renseignement allemand, qui avait affirmait que les «chasses collectives» à Chemnitz étaient une «fausse information» destinée à «détourner l'attention de l'opinion publique». Il avait également assuré qu'il n'y avait «pas de preuves que la vidéo circulant sur internet» montrant des agressions commises contre des personnes d'apparence physique étrangère «soit authentique».
D'autres rassemblements avaient eu lieu, principalement à l'appel de Pegida, de l'AfD et du groupe Pro-Chemnitz, un «mouvement citoyen» fondé en 2009, ayant déjà concouru aux élections locales. Qualifiés d'«extrême droite» par la presse, ces formations rejettent toutefois cette étiquette. En revanche, des saluts hitlériens et des slogans nazis ont bel et bien été observés à plusieurs reprises dans les cortèges, qui se sont parfois opposés dans des affrontements à des contre-manifestants de la gauche radicale.
Toutefois, si de nombreux médias n'ont pas hésité à en conclure qu'il s'agissait de «manifestations d'extrême droite», tous les participants étaient loin d'être des militants politiques. Le 30 août, ils étaient par exemple plus d'un millier de personnes, parmi lesquelles de nombreuses familles, devant le stade de la ville, pour un rassemblement qui s'est déroulé sans incident.
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