La diplomatie française reprise de volée après sa condamnation des interpellations en Russie
Paris a à nouveau condamné «l'usage manifestement excessif de la force» lors de rassemblements en Russie. La déclaration n'est pas passée inaperçue, de nombreux internautes renvoyant les autorités françaises à leur propre gestion des manifestations.
La diplomatie française a condamné ce 4 août, sur Twitter, les centaines d'arrestations de manifestants qui participaient la veille en Russie à de nouveaux rassemblements, non-autorisés, contre le rejet de près d'une soixantaine de candidatures aux élections locales prévues en septembre. Paris s'est ainsi indigné d'un «usage manifestement excessif de la force» ayant accompagné les interpellations dans plusieurs villes russes, dont Moscou et Saint-Pétersbourg.
Une prise de position diplomatique qui n'a pas manqué de faire réagir sur la toile. Sous la publication, des dizaines de commentaires sont apparus, certains pointant du doigt la réaction des autorités françaises face au mouvement des Gilets jaunes qui a occasionné, en plus des nombreuses interpellations, des dizaines de blessés graves, pour certains mutilés ou éborgnés.
«Quelle prétention française ! Aucune pudeur ! Si un pays n’a pas à donner de leçons en ce domaine c’est bien la France ! Mais les néo-conservateurs anglo-saxons du Quai d’Orsay n’en ont cure au service de la stratégie [américaine] !», a tweeté le conseiller de Paris et ancien sénateur Yves Pozzo di Borgo.
Quelle prétention francaise ! Aucune pudeur! Si un pays n’a pas à donner des lecons en ce domaine c’est bien la #France ! Mais les néos-conservateurs anglo-saxons du Quai d’Orsay n’en ont cure au service de la stratégie #US !
— Yves Pozzo di Borgo (@YvesPDB) August 4, 2019
En réponse au message de la diplomatie française, une internaute a posté un montage photo reprenant des images des personnes blessées en marge du mouvement des Gilets jaunes, commentant laconiquement : «Et sinon, en France il y a ça.»
Et sinon En France ya ça pic.twitter.com/0CeGl3JvGj
— MONICA Vadrot matricule 613 (@MANOUCHKYA) August 4, 2019
«Merci de faire profil bas», a réagi un autre utilisateur de Twitter, en référence aux chiffres de 12 107 interpellations et de 10 718 gardes à vue pour les six premiers mois du mouvement des Gilets jaunes, publiés en avril par le gouvernement français, et repris par divers médias dont C News.
Merci de faire profil bas. pic.twitter.com/EdzqjleiDx
— Ben (@beestoufly) August 5, 2019
D'autres se sont contentés de simples memes.
Vs etes un compte parodique ?
— MusulmanH24 (@MusulmanH24_) August 4, 2019
Non parce que macron... pic.twitter.com/K7hXjeE3y2
Un trait d'humour apprécié comme il se doit du côté de Moscou...🤭 pic.twitter.com/aZgJ0lWZ8J
— Lucifer Morningstar ⭐️ (@lucifer34883891) August 5, 2019
Ce 3 août, le ministère de l'Intérieur russe a déclaré avoir arrêté 600 personnes à Moscou pour «trouble à l'ordre public».
Une semaine auparavant, le 27 juillet, après des rassemblements similaires, la police russe avait déclaré avoir arrêté 1 074 personnes «pour des infractions diverses au cours d'une manifestation non autorisée dans le centre de la capitale». Selon l'ONG OVD-Info, spécialisée dans le suivi des manifestations, ce chiffre serait de 1 373 personnes.
«L'hôpital qui se fiche de la charité» ?
La France avait alors condamné ces arrestations, le 29 juilet. En réponse, Moscou avait rappelé à Paris les épisodes de «brutalités policières» survenus lors des mobilisations de Gilets jaunes. «C’est l’hôpital qui se fiche de la charité», avait déclaré la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova.
Sur Twitter, le ministère russe s'était pour sa part fendu d'un tweet accompagné du hashtag #GiletsJaunes écrit dans la langue de Pouchkine : «Nous exprimons à notre tour notre préoccupation face à l’état de santé des citoyens français (y compris des journalistes) régulièrement victimes de brutalités policières.»
L'enregistrement d'une soixantaine de candidats aux élections du Parlement de la ville de Moscou a été rejeté en raison de vices de forme dans la collecte des signatures nécessaires pour se présenter. Certains candidats exclus ont dénoncé des irrégularités fabriquées selon eux de toutes pièces et ont accusé le maire de Moscou, Sergueï Sobianine, de vouloir faire taire l'opposition.