Le Hezbollah réduit ses troupes en Syrie mais assure qu'elles seraient renforcées si nécessaire
Dans une interview, le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah a annoncé que son mouvement avait réduit le nombre de ses troupes en Syrie. Il a en outre exposé son analyse sur les conséquences d'une guerre entre les Etats-Unis et l'Iran.
Dans une longue interview diffusée sur la chaîne de télévision al-Manar, le chef du Hezbollah libanais, Hassan Nasrallah, a fait savoir le 12 juillet avoir réduit le nombre des combattants de son mouvement en Syrie, engagés aux côtés de l'armée arabe syrienne, tout en affirmant que ses troupes occupaient toujours le terrain au côté de son allié.
«Nous sommes présents dans toutes les zones où nous l'étions par le passé. Nous sommes toujours là, mais nous n'avons plus besoin d'être aussi nombreux s'il n'y a plus de besoin réel», a poursuivi l'homme politique sur la chaîne du Hezbollah sans donner de chiffres.
Mais, a-t-il assuré, «s'il devait y avoir un besoin d'y retourner, tous ceux qui y étaient reviendraient» en Syrie, a-t-il ajouté à propos des combattants du Hezbollah présents au coté des militaires syriens depuis 2013. Hassan Nasrallah a en outre affirmé que le Hezbollah n'était pas impliqué dans les combats qui ravagent la province d'Idleb dans le nord-ouest du pays. Soutenu par la Russie mais aussi par l'Iran et le Hezbollah libanais, le pouvoir syrien a multiplié les victoires face aux rebelles et aux djihadistes ces deux dernières années, jusqu'à reprendre le contrôle de près des deux-tiers du territoire.
Le chef du Hezbollah s'est exprimé trois jours après l'annonce par Washington de sanctions visant des élus du mouvement, considéré par les Etats-Unis comme une organisation «terroriste». Les deux députés du Hezbollah sanctionnés sont accusés d'«exploiter le système politique et financier» du Liban au profit du mouvement chiite et de l'Iran. Le Hezbollah a dénoncé ces sanctions, les qualifiant d'«humiliation pour le peuple libanais».
«Israël ne restera pas à l'abri»
Par ailleurs, dans la même interview, le chef du Hezbollah a évoqué l'éventualité d'un conflit entre l'Iran et les Etats-Unis. Il a estimé à cet égard qu'Israël ne resterait pas à «l'abri» à l'extérieur d'une telle guerre. «L'Iran a la capacité de bombarder Israël avec force et férocité», a-t-il ajouté.
«Lorsque les Américains comprendront qu'une telle guerre pourrait rayer Israël de la carte, ils changeront d'avis», a-t-il encore précisé, après plusieurs semaines de tension entre les Etats-Unis et l'Iran.
Tout le monde sera touché, ceux qui y participeront et ceux qui n'y participeront pas
Il a toutefois longuement expliqué que l'Iran «ne voul[ait] pas la guerre» et faisait tout le nécessaire pour l'éviter. «Les Iraniens sont calmes et solides», a aussi assuré le chef du Hezbollah, qui a estimé plus loin qu'ils étaient «ouverts au dialogue».
Hassan Nasrallah a en outre invité solennellement «tous les dirigeants de la région à faire en sorte que cette guerre n'ait pas lieu» car elle embraserait toute cette région. Car selon lui, dans le cas du déclenchement d'un tel conflit armé, «tout le monde sera touché, ceux qui y participeront et ceux qui n'y participeront pas». Un appel à la sagesse destiné aux alliés de Washington dans la région, parmi lesquels l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis.
Enfin, il a estimé que ni Donald Trump ni le département d'état américain ni le Pentagone ne semblaient vouloir réellement cette guerre contre l'Iran. Avant les élections présidentielles américaines de 2020, il semble ainsi «improbable», selon le chef du Hezbollah, que l'administration Trump veuille choisir une telle option. «Après cette échéance, peut-être que cette question sera envisageable», a-t-il jugé.
La Chambre des représentants américaine, contrôlée par les démocrates, a adopté le 12 juillet une mesure restreignant la possibilité pour Donald Trump d'attaquer l'Iran, s'inquiétant du fait que le président républicain pourraient déclencher «une guerre inutile». En revanche, une initiative similaire a échoué au Sénat qui est aux mains des républicains.
Meriem Laribi
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