Au Japon, des dizaines de milliers marchent contre les nouvelles lois de défense

Ils étaient des dizaines de milliers, rassemblés devant le parlement japonais, à Tokyo, dimanche 30 août. Une manifestation contre des lois visant à élargir les prérogatives de l'armée nippone, discutées en ce moment en session parlementaire.
«Oui à la paix, non à la guerre !» Ce slogan s'étalait sur les pancartes des quelques 120 000 manifestants venus protester contre les nouvelles lois de défense débattues au parlement japonais. Proposées par le Premier ministre conservateur Shinzo Abe et son parti libéral démocrate (PLD), ces lois doivent élargir la notion de «défense des intérêts du pays» à de potentiels conflits extérieurs, alors que la terminologie s'appliquait jusqu'ici exclusivement à la défense du territoire national japonais.
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#Japan PM still has job selling defense laws as thousands rally in Tokyo rain http://t.co/Q3qJTXai98@IsabelRTokyopic.twitter.com/azzsJi0270
— Rosalind Mathieson (@RosMathieson) 30 Août 2015
En pratique, ces nouvelles lois permettraient à l'armée japonaise de se déployer en territoire extérieur, notamment à l'appui d'un allié du Japon, tel que les États-Unis. Une possibilité applicable même si le pays n'est pas directement menacé, dans le cadre d'un schéma dit de «défense collective». Un changement qui ne fait pas l'unanimité auprès d'une population très attachée au pacifisme inscrit dans l'article 9 de la Constitution. «C'est notre fondement», affirme une manifestante, «pendant 70 ans, grâce à l'article 9, le Japon a réussi à ne pas s'engager sur le chemin de la guerre et n'a pas subi la moindre agression». Certains protestataires appelaient à la démission du Premier ministre.
七月に自民党が言ってたよなぁ。
安保法案、強行採決しても3連休を挟めば、反対や怒りの声も和らぎ、国民は忘れてゆくだろう。
…全然じゃんw pic.twitter.com/Z8KckVFYqo
— 但馬問屋 (@wanpakutennshi) 30 Août 2015
Au-delà de la capitale, des mouvements de protestation étaient organisés dans la plupart des grandes villes japonaises. A Nagoya, dans le centre, un groupe de mères avaient improvisé un rassemblement près de la gare et scandait : «protégez nos enfants». À Tokyo, une autre participante expliquait : «je ne peux pas rester les bras croisés quand je pense qu'avec les dérives du gouvernement Abe, le Japon pourrait repartir en guerre». Malgré une forte présence policière, la manifestation dans la capitale n'a pas pu être limitée aux trottoires, le flux de marcheurs étant trop important.
La marche a rassemblé des jeunes et des vétérans de la seconde guerre mondiale. Parmi les slogans proclamés, : «la guerre est finie !», «Non à la guerre !», «Arrêtez les lois sur la défense !», «Abe, démissionne», revenaient fréquemment. Une grande pancarte noire, décorée de ballons, était déployée au milieu de la foule et lisait : «Abe doit démissionner». Des personnalités avaient pris part à la marche, telles que le musicien Ryuichi Sakamoto (compositeur oscarisé de la musique du film «Le Dernier Empereur»).
復活した坂本龍一氏がSEALDsとの約束を果たして演壇に登場すると大歓声が上がりました。
8・30国会前集会。 pic.twitter.com/RRwe3SnkOQ
— sig_yok (@yoksig) 30 Août 2015
国会前の道路は安保法案に反対する人たちで埋まっています。(達) pic.twitter.com/6xURZzf3Md
— 朝日新聞写真部 (@asahi_photo) 30 Août 2015
Plusieurs leaders d'opposition ont également pris part du cortège, notamment Katsuya Okada, à la tête du principal parti d'opposition - le Parti Démocratique du Japon. «Il faut qu'Abe comprenne que le public est en colère. Il faut travailler ensemble pour arrêter cette loi», a affirmé Okada, à l'adresse des manifestants.
@okada_katsuya Protest over Japanese military law http://t.co/5DdbNHGJoM
— 小林健二 (@kenzikobayasi06) 30 Août 2015
Saluées par les États-Unis, ces lois sont nécessaires, selon le Premier ministre Shinzo Abe, face à la montée en puissance de la Chine et l'imprévisibilité de la Corée du Nord. Les manifestations du 30 août ne sont que la suite d'un large mouvement qui secoue le pays depuis l'annonce des lois de défense, le 23 août.