Qu'est-ce que «l'appel de Christchurch» lancé par la France et la Nouvelle-Zélande ?
26 pays et géants d'internet se sont engagés à lutter contre la diffusion en ligne de contenus à caractère terroriste ou extrémiste violent, à l'appel de la France et de la Nouvelle-Zélande.
Ce 15 mai, deux mois jour pour jour après l'attaque meurtrière contre des mosquées en Nouvelle-Zélande qui avait été diffusée en direct sur Facebook, le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre néo-zélandais Jacinda Ardern se sont retrouvés à Paris pour lancer «l'appel de Christchurch», dont le but est de mobiliser acteurs politiques et géants du numériques contre la diffusion en ligne de contenus à caractère violent.
26 pays et géants du net s'engagent
26 pays et géants d'internet, dont Facebook (et ses filiales WhatsApp et Instagram) et Google, ainsi que sa filiale YouTube, ont rallié cet appel. Les Etats-Unis ont de leur côté fait savoir qu'il ne signaient pas.
Les signataires se sont engagés, selon l'AFP, à prévenir le téléchargement et la diffusion de contenus à caractère terroriste ou extrémiste violent, y compris par leur «retrait immédiat et permanent».
Selon l'Elysée, cité par l'AFP, il s'agit en effet de «demander aux pays et aux grandes entreprises du numérique d'agir contre le terrorisme et l'extrémisme violent en ligne». «L'objectif est de se donner des axes de travail pour l’avenir», poursuit l'Elysée, qui compte améliorer la «réactivité aux incidents», et approfondir la «collaboration» entre les différents acteurs – plateformes, Etats et société civile – sur cette problématique. De son côté, le Premier ministre néo-zélandais a insisté sur la nécessité d'apporter «une réponse mondiale à un réseau mondial», arguant qu'il était impossible pour un pays d'agir seul face à ce phénomène.
Ces discussions, qui rassemblent une vingtaine de dirigeants et de patrons, dont le roi Abdallah de Jordanie, le président sénégalais Macky Sall, la Britannique Theresa May, et les patrons des géants du numérique, dont Google, Twitter et Facebook, interviennent alors que la France planche sur une loi qui obligerait les réseaux sociaux à retirer les contenus signalés dans les 24 heures, sous peine d'une forte amende. Une régulation que Paris souhaite promouvoir au niveau européen, Emmanuel Macron ayant la volonté de «faire de la France le pays qui invente la régulation [de la nouvelle économie], pour réconcilier la technologie et le bien commun».
C'est d'ailleurs dans cet optique que le secrétaire français d'Etat au numérique, Cédric O, réunit ce même 15 mai ses collègues du G7 pour plancher sur un projet de charte sur les contenus haineux sur internet. La France voudrait le voir aboutir d'ici au sommet du G7 en août prochain à Biarritz.
Facebook prend les devants, non sans susciter des inquiétudes
Le géant des réseaux sociaux Facebook, dont la patron Mark Zuckerberg a rencontré Emmanuel Macron à Paris le 10 mai dernier pour évoquer le sujet, a dors-et-déjà pris les devants. L'entreprise a en effet annoncé ce 15 mai des mesures pour restreindre l'usage de sa plateforme Live, dont s'est servi le tueur de Christchurch. Désormais, les utilisateurs ayant déjà enfreint les «politiques les plus sensibles» de réseau social, notamment celles proscrivant les «organisations et individus dangereux», n'y auront plus accès pendant un certain temps.
Mais ses mesures ne sont pas sans susciter des inquiétudes, alors que les géants de réseaux sociaux, Facebook en tête, ont banni de leurs plateformes ces dernières semaines plusieurs personnalités à la très large audience, tels que les commentateurs politiques Paul Joseph Watson et Milo Yiannopoulos, au motif qu'elles promouvraient «la haine». Le président américain Donald Trump avait sévèrement critiqué la décision de Facebook de clôturer les comptes de ces personnalités, décision qui selon lui nuit à la liberté d'expression en ce qu'elle enfreint le premier amendement de la Constitution américaine.