Syrie : al-Nosra passe à l'offensive à Idleb, la Russie riposte à l'attaque d'une de ses bases
Dans un contexte de regain d'activité des groupes djihadistes dans une région censée être démilitarisée, la base aérienne russe de Hmeimim a essuyé une tentative d'attaque. Damas et Moscou ont mené de nouvelles frappes en riposte.
Les tensions dans la province d'Idleb, en Syrie, ne cessent de s'exacerber. Des terroristes ont ainsi visé la base russe de Hmeimim, dans l’ouest de la Syrie, le 6 mai, sans succès. Cette attaque intervient alors que les groupes islamistes présents dans la région d’Idleb, principalement Hayat Tahrir al-Sham (HTS, anciennement le Front al-Nosra, branche syrienne d'al-Qaïda), redoubleraient d'activité dans la région.
Attaque repoussée
Selon la Défense russe, la base aérienne a ainsi été la cible de 36 roquettes, repoussées par la défense antiaérienne, sans qu'elles ne soient parvenues à faire de dégât. Selon le général Viktor Kouptchichine, à la tête du Centre russe pour la réconciliation des parties en conflit en Syrie, les bombardements provenaient de la zone de désescalade d’Idleb, qui est contrôlée par HTS depuis plusieurs mois. Moscou a ajouté avoir déclenché des frappes en réponse à l’agression.
Les assaillants ont utilisé un drone pour conduire leur opération. Le général Kouptchichine a également précisé que les avions de combat russes, appuyés par l’artillerie syrienne, avaient à leur tour attaqué les positions depuis lesquelles les engins avaient été lancés.
Cette riposte a eu lieu le même jour qu'une offensive syrienne menée contre l'une des dernières poches du pays tenues par les groupes islamistes dans la province de Hama. Plusieurs villages auraient été repris par les troupes de Bachar el-Assad, selon l'agence de presse syrienne Sana.
Hmeimim est régulièrement visée pas des assauts imputés aux groupes terroristes, qui utilisent aussi bien des roquettes que des drones bourrés d’explosifs. Aucune de ces attaques n’a pour l’instant été couronnée de succès.
Lors d’une conférence de presse tenue à Pékin le 27 avril, Vladimir Poutine avait mis en garde : «En ce qui concerne la région d’Idleb, je l’ai répété à plusieurs reprises et je souhaite le répéter encore une fois. Nous devons continuer à combattre les terroristes qui se sont installés dans cette zone [...] S’ils effectuent des incursions depuis cette dernière, ce qui arrive de temps en temps, ils subiront une riposte de notre part.»
La zone démilitarisée mise à mal
Début mai, le Centre russe pour la réconciliation des parties en conflit en Syrie s'inquiétait de regroupements de bandes armées djihadistes, s’agrégeant autour d'HTS, dans les environs des localités d'al-Lataminah et Kafr Zita, au nord-ouest de Hama. L’agence de presse officielle syrienne Sana citait quant à elle une source militaire expliquant que les groupes terroristes armés et installés dans la province d'Idleb et ses environs préparaient une offensive contre les positions de l’armée dans les campagnes autour de Hama et de Lattaquié.
Par ailleurs, cette source a prévenu que ces groupes terroristes avaient «amené d’importants renforts dans la région nord de Morek […] pour cibler les positions de l’armée syrienne et les populations locales dans les zones environnantes».
Selon Sana des unités de l’armée syrienne ont effectivement essuyé des attaques des terroristes d'HTS près de Hama. Les troupes ont riposté par des bombardements sur des localités tenues par ce groupe. L’armée a détruit des rampes servant au lancement de roquettes ainsi que les infrastructures des groupes djihadistes, toujours selon l'agence de presse.
Idleb fait l’objet, depuis septembre 2018, d'un accord entre HTS et les autorités syriennes sur la création d’une «zone démilitarisée». Cette initiative prévoit la mise en place d’une zone tampon visant à séparer les secteurs tenus par les djihadistes des régions adjacentes sous contrôle gouvernemental. Cet accord n'a toutefois été que partiellement respecté, HTS refusant de se retirer de la zone de séparation.
Alexis Le Meur