La CEDH donne à nouveau raison à Alexeï Navalny contre la justice russe
Saisie par l'opposant russe, la Cour européenne des droits de l'Homme a condamné Moscou pour avoir assigné ce dernier à résidence en 2014 dans le cadre d'une enquête pour escroquerie. La CEDH y voit une restriction de «ses activités politiques».
La Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) a condamné la Russie le 9 avril pour des sanctions imposées à Alexeï Navalny en 2014. Alors visé par une enquête pour escroquerie, celui-ci avait notamment été assigné à résidence. La CEDH juge pourtant, dans son arrêt, que ces mesures n'étaient pas justifiées et visaient à «restreindre [les] activités politiques» de l'opposant.
Alexeï Navalny a salué cette décision, espérant qu'elle ait des «conséquences importantes pour tous ceux en Russie qui subissent un tel [traitement] arbitraire».
De son côté, le porte-parole de la présidence russe Dmitri Peskov a jugé que la décision de la CEDH était «assez inattendue», ajoutant : «On ne peut pas être d'accord [avec cette décision].»
Moscou avait imposé en 2014 une assignation à résidence à Alexeï Navalny dans le cadre d'une enquête ouverte deux ans auparavant pour escroquerie et blanchiment de produits de transactions illégales, notamment envers la filiale russe de Yves Rocher. L'assignation à résidence avait été prolongée à plusieurs reprises et avait duré dix mois.
Arrêté sept fois entre 2012 et 2014 lors de rassemblements et poursuivi soit pour violation de la loi sur les rassemblements publics, soit pour désobéissance à un ordre de la police, Alexeï Navalny a produit cinq requêtes.
Après une précédente condamnation de la CEDH en novembre, la Russie se voit condamnée à lui verser 20 000 euros pour préjudice moral. Il avait de son côté réclamé 100 000 euros.
Alexeï Navalny est régulièrement présenté à tort par plusieurs médias, dont l'AFP, comme «principal opposant à Vladimir Poutine». Il bénéficie pourtant de nettement moins de soutien, au sein de l'opposition russe, que les dirigeants de l'extrême droite et du parti communiste, comme le faisait remarquer le blogueur Olivier Berruyer, animateur du site Les Crises en mars 2018, à quelques jours de l'élection présidentielle russe.
Opposé au chef d'Etat russe, Alexeï Navalny prend régulièrement la parole pour dénoncer la corruption régnant selon lui en Russie, thème dont il a fait son principal cheval de bataille. L'AFP omet en revanche un aspect moins reluisant de sa biographie : sa proximité avec l'extrême droite. Dans une vidéo qui verse dans l'humour noir et le racisme, Alexeï Navalny expliquait ainsi comment lutter efficacement contre les insectes, les cafards... et les Tchétchènes.
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