Venus en Russie pour la Coupe du monde, ils n'en sont jamais repartis

Venus en Russie pour la Coupe du monde, ils n'en sont jamais repartis© @RT
Des Nigérians, venus en Russie avec un passeport de supporter, détenus au centre de rétention de Moscou (image d'illustration).
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Sur les centaines de milliers de visiteurs entrés en Russie avec un passeport de supporter pour la coupe du monde de football, 5 000 d'entre eux sont restés illégalement. RT en a rencontré quelques-uns dans un centre de détention provisoire.

Ils disaient venir en Russie par amour du football mais n'ont jamais voulu quitter Moscou une fois la compétition achevée. 5 000 étrangers, sur les 650 000 visiteurs fans de sport venus assister à la Coupe du monde en juin 2018 en Russie grâce à un «passeport de supporter», sont restés illégalement dans le pays. Sur le point d'être expulsés, ils rêvent de retourner en Russie, au terme des cinq ans d'interdiction de territoire auxquels ils vont devoir se conformer.

RT a pu interroger certains de ces clandestins, retenus par décision de justice dans un centre moscovite de détention provisoire pour étrangers. 

La Russie avait permis aux amateurs de football d'entrer en Russie sans visa, grâce à la procédure simplifiée du passeport de supporter. En outre, elle avait accordé aux voyageurs la possibilité de prolonger leur séjour jusqu'à la fin de l'année 2018. «Autour du 31 décembre l'année dernière, plus de 12 000 personnes sont restées et n'ont pas quitté le territoire, mais les opérations du FSB ont permis d’abaisser ce nombre à 5 500», a expliqué Andreï Kaïouchkine, chef de Cabinet du département migration du ministère de l'Intérieur russe. «Nous poursuivons nos démarches pour les repérer et j'espère qu'ils seront tous expulsés d'ici le 30 mars», a-t-il conclu.

Les clandestins ne sont pas détenus dans une prison mais le centre s'avère tout de même extrêmement sécurisé, doté de deux lignes de fils barbelés d'une hauteur de six mètres, d'un portail massif, de cameras de sécurité et de barreaux aux fenêtres. Les étrangers y patientent en attendant la décision de l’Etat russe sur leur avenir. 

RT a rencontré six hommes, entrés en Russie grâce à leur passeport de supporter. Leur passion pour le football est toute relative : ils ont plutôt saisi une opportunité de voyager en Russie. Ces Africains vivaient dans un appartement proche de la station de métro Dobryninskaïa, à Moscou. Un policier les a repérés et arrêtés. Ils ont été traduits en justice et amenés au centre. La majorité des clandestins sont assez rapidement renvoyés dans leur pays d'origine. La plupart du temps, ils n’ont pas d’argent pour acheter leurs billets de retour qui sont donc pris en charge par l’Etat russe. A la suite de leur expulsion, l’entrée en Russie leur sera interdite pendant au moins cinq ans.

Un séjour qui n'a débouché sur aucune perspective concrète

Parmi eux, Akintomide Olabode Tounda, 30 ans, a étudié la médecine au Nigéria mais n’a jamais travaillé comme médecin, il a vécu jusqu'ici de petits boulots. Le jeune homme dit aimer la Russie depuis longtemps et avoir toujours rêvé de s’y rendre. Grâce à la Coupe du monde, il a pu entrer en Russie sans visa. Il a versé à son agent de voyage plus de 400 dollars pour les billets d'avion et le passeport de supporter, une somme importante pour le Nigéria. Dans son pays, il a une femme et une petite fille. Le Nigérian a assisté à la finale où les Français ont battu les Croates 4 à 2. 

Venus en Russie pour la Coupe du monde, ils n'en sont jamais repartis© @RT
Akintomide Olabode Tounda

Il savait qu’il devait quitter la Russie après la Coupe du monde, mais ses colocataires ont alors appris que Vladimir Poutine avait prolongé l’entrée sans visa jusqu’à la fin de l’année. Pourquoi n’a-t-il pas quitté la Russie à temps ? Tounda a répondu qu’il avait des difficultés financières et qu’il ne pouvait plus acheter de billets pour rentrer chez lui. En Russie, il n'a pas trouvé d'emploi, et a vécu au jour le jour, aidé par de l'argent envoyé par sa femme restée au Nigéria. Russophile convaincu, ravi d'avoir vécu une nouvelle expérience, il avoue avoir le mal du pays. «Il est bon de voyager, mais chez soi, c'est encore mieux», estime-t-il. Mais il affirme qu'il souhaite retourner en Russie quand l'interdiction de territoire sera levée. 

Le Nigérian Agu Shedrack Chinvend, lui aussi détenu au centre, n'a que 25 ans. Cet étudiant en relation internationales rêvait de se rendre en Russie : son frère lui a avancé les frais. Très heureux de discuter avec des habitants ou des touristes, il dit avoir passé en Russie un des meilleurs moments de son existence. Décidant de profiter du temps imparti jusqu'en décembre, il n'a toutefois pas pu trouver de travail. Il s'attendait à être expulsé, tout en ne faisant aucune démarche pour rentrer. Agu Shedrack Chinvend souhaiterait revenir en Russie, mais cette fois pour travailler ou étudier.

Venus en Russie pour la Coupe du monde, ils n'en sont jamais repartis© @RT
Agu Shedrack Chinvend

Le troisième homme rencontré par les équipes de RT est un ancien professeur érythréen de 55 ans, du nom de Sali Ahmed Mohammed Moussa. Son cas est différent puisqu'il a essayé d’obtenir l’asile politique en Russie. Les Erythréens sont astreints dans leur pays à une conscription forcée. Ceux qui tentent de quitter le pays peuvent être abattus par les garde-frontières. Pendant la guerre, Sali Ahmed Mohammed Moussa a réussi à fuir au Soudan, où il survivait uniquement grâce à l’aide humanitaire. Quand il a appris que la Russie accueillerait la Coupe du monde, et qu’il n’avait besoin que d’un passeport de supporter pour y entrer, il a décidé de tenter sa chance. S'il est renvoyé en Erythrée, il craint d'être assassiné car considéré comme déserteur. 

Si l'ancien professeur n'a pas encore été expulsé, les cinq Nigérians ont été reconduits dans leur pays le 1er mars.

Lire aussi : L'Organisation mondiale de la santé appelle à un meilleur accès aux soins des migrants en Europe

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