Début du procès de Mehdi Nemmouche, le terroriste présumé du musée juif de Bruxelles
Accusé d’avoir tué quatre personnes lors d’une équipée sanglante au musée juif de Bruxelles en mai 2014, Mehdi Nemmouche s'est rendu le 20 décembre à une audience préliminaire à son procès à Bruxelles. Son avocat compte plaider l'acquittement.
Le 20 décembre, le terroriste présumé Mehdi Nemmouche a fait sa première apparition publique au parquet fédéral de la capitale belge. Ce Français est accusé d’avoir abattu quatre personnes au musée juif de Bruxelles le 24 mai 2014. Il a assisté à la première audience préliminaire de son procès qui démarrera en cour d’assises le 10 janvier.
Ah on dirait que l'avocat de Mehdi Nemmouche vient d'arriver devant les assises de Bruxelles. #MuseeJuifpic.twitter.com/CK6m0P9dXZ
— Julien Balboni (@julienbalbo) 20 décembre 2018
L'un de ses deux avocats, Sébastien Courtoy, a d’ores et déjà annoncé la couleur : «Mehdi Nemmouche espère enfin, après quatre années [d'emprisonnement], voir son innocence reconnue.» L'audience a donné lieu à de nombreux désaccords avec sa défense, qui a vu toutes ses demandes déboutées. Irrité, Sébastien Courtoy a dénoncé une «parodie de justice», et a alors prévenu que son client, qui comptait initialement coopérer avec la justice et s'exprimer sur ces actes, n'assisterait sûrement pas au procès.
#MuséeJuif les demandes de Me Courtoy ont été rejetées. Il estime donc qu’il y aura un jugement, mais pas de justice. Il ajoute qu’il n’est pas sûr que Mehdi Nemmouche assistera à la suite du procès
— Mel Saint-Surge (@MelJoris) 20 décembre 2018
Un important dispositif de sécurité avait été déployé devant le tribunal où Mehdi Nemmouche est arrivé en pull sombre, barbe taillée de près. Son complice présumé, Nacer Bendrer, un délinquant marseillais de 30 ans, est apparu quant à lui en sweat-shirt de sport. Ce dernier est accusé de lui avoir fourni des armes. Tous deux doivent répondre d'«assassinat terroriste», mais assurent être innocents.
Demande de report du procès rejetée
Les avocats du terroriste présumé sont apparus très combatifs : affirmant que leur client était innocent, ils ont également cherché à obtenir un report du procès pour étudier des pièces à charge présentées au dernier moment par l'accusation. Cette demande a été rejetée par le parquet fédéral, qui a estimé que c'était à la cour d'assises de trancher en la matière.
La photo de Mehdi Nemmouche en repérage la veille de l'attentat au musée juif de Bruxelles révélée pour la première fois https://t.co/mdBofTo66Gpic.twitter.com/0hqDvo0xWE
— L'important (@Limportant_fr) 19 décembre 2018
Sébastien Courtoy s'était plaint devant les caméras de RTL que le parquet fédéral ajoutait tous les jours de nouvelles pièces au dossier. Et ce afin de «les empêcher de pouvoir étudier dans de bonnes conditions ce dossier, parce qu'ils savent que les accusations qu'ils portent ne tiennent pas la route».
L'épineuse question des témoins
Mehdi Nemmouche se serait vraisemblablement radicalisé dans une prison toulonnaise après avoir passé cinq ans dans différentes maisons d'arrêt du sud de la France pour des faits de vols et de violences avant d'être libéré en décembre 2012.
Il aurait ensuite voyagé en Syrie en janvier 2013 et y serait retourné en mars 2014, deux mois avant la tuerie, auprès de combattants djihadistes. Il y aurait officié en tant que geôlier de quatre journalistes français. C'est à ce titre qu'il a également été inculpé à Paris dans le cadre d'une enquête sur cette prise d'otages.
Ces journalistes séquestrés ont fait l'objet de débats au sein de la cour. L'accusation et plusieurs parties civiles ont souhaité que ces quatre témoins viennent à la barre pour décrire la personnalité de leur geôlier, tandis que les avocats de Mehdi Nemmouche s'y sont opposés. Sa défense fustige «une manœuvre», le risque d'«un procès dans le procès». «Cette affaire ne concerne pas la tuerie du Musée juif. C'est la France qui devra juger de ces faits», a riposté Henri Laquay, le second avocat du terroriste présumé.
#MuséeJuif : Mounir Atallah fait partie de la liste des témoins. C'est également le cas de Nicolas Henin, journaliste pris en otage en Syrie. Parmi les témoins de moralité, on retrouve également des membres de la famille de Mehdi Nemmouche
— Mel Saint-Surge (@MelJoris) 20 décembre 2018
Mehdi Nemmouche s’est également opposé à ce que six membres de sa famille ou proches soient entendus. Il a souhaité que l’on ménage sa grand-mère, qui l'a recueilli quand il avait 17 ans, après qu'il a passé toute sa jeune vie en famille d'accueil. Elle est âgée aujourd'hui de 79 ans, et son audition éprouvante suivant l’attentat, n'avait rien apporté, selon Mehdi Nemmouche. Il a donc demandé qu'elle ne soit pas convoquée et que le compte rendu de son audition soit lu durant les audiences. Sébastien Courtoy a appuyé cette demande au nom du respect de «son intimité».
Le parquet fédéral a rejeté toutes ces demandes.
Innocence et acquittement ?
Le parti-pris de la défense intrigue quand on se souvient des déclarations de Mehdi Nemmouche en 2016. Après avoir nié toute implication, le délinquant radicalisé avait partiellement admis avoir participé à l'attaque après la collecte par la police d'éléments accablants.
Le délinquant multirécidiviste est accusé d'avoir fait irruption dans la musée juif de Bruxelles, et d'avoir tiré, abattant un couple de touristes israéliens, une bénévole française et un employé du Musée. Lors de son interpellation, les policiers avaient trouvé sur lui un fusil de type Kalachnikov et une arme de poing, tous deux vraisemblablement utilisés lors de l’assaut du musée juif. Des vidéos sur lesquelles Mehdi Nemmouche revendiquait l’attaque avaient également été trouvées sur lui. En 2016, Sébastien Courtoy avait avoué que son client avait «réalisé que ses explications n'avaient pas de sens», selon le quotidien belge La Capitale. Aujourd’hui, la défense revient sur cette ligne et demande l’acquittement.