Conférence de presse annuelle de Vladimir Poutine (EN CONTINU)
Le président russe tient sa traditionnelle conférence de presse de fin d'année, alors que l'actualité est particulièrement dense, entre le dossier syrien, l'incident de Kertch, ou encore la confrontation avec Washington sur le traité FNI.
Selon Vladimir Poutine, les deux principaux événements de l'année en Russie ont été la Coupe du monde de football et l'élection présidentielle.
Vladimir Poutine a reconnu qu'il avait existé un problème de dopage en Russie mais nié une implication des autorités. «Nous n'avons pas su organiser la lutte contre le dopage de manière efficace», a-t-il toutefois reconnu, notant que le problème n'était cependant pas limité à la Russie mais touchait le monde entier. Il a en outre dénoncé le problème de la «politisation» de la lutte antidopage.
Affirmant qu'il souhaitait améliorer et développer les relations entre Moscou et Washington, le président russe s'est arrêté un instant sur les obstacles existants. «On voit que la composition du Congrès américain change, on peut donc s'attendre à ce que il y ait de nouvelles attaques contre le président. Je ne sais pas si on va pouvoir avoir un dialogue direct», a-t-il fait valoir.
«Au sein du monde anglo-saxon, il y a un certain nombre de secousses tectoniques qui se produisent. Donald Trump a gagné mais certains ne veulent pas reconnaître cette victoire, c'est un manque de respect envers les électeurs américains. Ils font tout pour délégitimiser le président en exercice», a-t-il noté, dressant un parallèle avec le résultat du vote sur le Brexit en Grande-Bretagne, que beaucoup ne veulent pas respecter.
«C'est un processus grave», a encore jugé le président russe.
«Est-ce que vous voulez dominer le monde ?», a demandé une journaliste du Wall Street Journal au président russe. «Vous savez très bien que les Etats-Unis dépensent plus de 700 milliards de dollars par an pour la défense. Pour les pays de l'OTAN, le budget est de 600 milliards. Nous sommes à 46. Vous croyez que c'est nous qui voulons diriger le monde?», a répliqué Vladimir Poutine.
«Pour qu'il y ait une cohésion au sein d'un bloc, disons par exemple des pays de l'OTAN, il faut qu'il y ait une menace extérieure. Sinon cette cohésion ne se maintient pas», a poursuivi le président russe, dénonçant la «russophobie» qu'une telle logique entraînait.
Interrogé sur la «dédollarisation de l'économie russe», le président russe a noté que les transactions en dollar avaient légèrement diminué, selon les chiffres du FMI. Il a affirmé la volonté du gouvernement de favoriser les règlement en roubles qui est «fiable» et, à la différence du dollar, «n'entraîne aucun coût supplémentaire».
En juillet 2018, trois journalistes russes avaient été retrouvés morts dans une voiture criblée de balles en République centrafricaine. Commentant l'affaire, Vladimir Poutine a fermement condamné leur assassinat, considérant qu'il s'agissait d'une «tragédie».
Il a précisé qu'ils s'y étaient rendus en tant que touristes, et non en leur qualité de journalistes. Selon les premières données révélées par l'enquête, ils auraient été tués par un groupe de militants locaux.
Un journaliste a demandé au président russe quand il se marierait. «En tant qu'honnête homme, je devrai un jour le faire», a répondu Vladimir Poutine dans un sourire.
Le président russe s'est exprimé à propos du Brexit, et de la crise que traverse le gouvernement britannique, qui peine à mener le processus à son terme.
«Il y a eu un référendum. Les gens ont exprimé leur volonté, il faut respecter leur vote. Ou alors ce n'est pas un référendum», a-t-il déclaré. «Cela m'intéresse de voir quelles seront les critiques si le Brexit fait l'objet d'un nouveau référendum», a-t-il poursuivi avant de s'interroger : «C'est la démocratie ça ? Quel est le sens de la démocratie directe ?»
Et de conclure : «Enfin c'est leur affaire, ce n'est pas la nôtre.»
Sur les Gilets jaunes, le président russe a estimé que l'augmentation des tarifs des carburants était un «détonateur» de l'ensemble des mécontentements. «Ce sont généralement des Français de souche qui manifestent», a-t-il poursuivi, soulignant qu'ils étaient soutenus par une large majorité de la population.
«Le comportement des autorités est à mon avis très peu approprié», a-t-il poursuivi, s'interrogeant sur le choix du gouvernement français d'augmenter les taxes sur le carburant.
Vladimir Poutine est revenu sur les sanctions qui touchent les habitants de Crimée, dénonçant la logique occidentale sur la question. «Vous vous êtes l'objet de sanction, de limitation de visas, concernant les opérations financières, d'assurances, etc... Ceci concerne pratiquement tous les habitants de Crimée. Ils tombent sous le coup de sanctions. Non pas contre les dirigeants seulement mais contre tous les habitants de Crimée», a-t-il rappelé.
«De l'extérieur, on parle d'annexion de la Crimée par la Russie. Qu'est que c'est que une annexion ? C'est une occupation manu militari. Si c'était une occupation manu militari, alors les habitants de Crimée n'y seraient pour rien», a poursuivi le président russe. «Pourquoi est-ce que les sanctions vous visent ?», s'est-il alors interrogé avant de répondre à sa propre question : «Si c'est à cause de votre vote, c'est qu'il faut reconnaître que le vote a eu lieu.»
Plus de 1 700 journalistes en provenance de la quasi-totalité des régions russes, d'Asie, d'Europe et d'Amérique ont été accrédités pour la traditionnelle conférence de presse de fin d'année du président russe, qui se tient au Centre international du commerce à Moscou. Il s'agit de la quatorzième pour Vladimir Poutine.
L'avancée vers une résolution politique du conflit en Syrie, d'où les Etats-Unis ont annoncé leur retrait, le regain des tensions avec Kiev suite à l'incident de Kertch en Crimée, le confrontation avec Washington qui menace de se retirer du traité sur les armes nucléaires à portée intermédiaires, sont quelques uns des sujets sur lesquels le président russe devrait être interrogé.