Turquie : Erdogan s'en prend à un opposant écroué en le comparant au «célèbre juif hongrois Soros»
- Avec AFP
Lors d'une allocution devant un parterre d'élus, depuis son palais présidentiel à Ankara, Recep Tayyip Erdogan a fustigé ceux qui œuvrent à «déchirer» la Turquie, ainsi que la CEDH : «Votez ce que vous voudrez depuis votre tour d'ivoire.»
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a accusé le 21 novembre l'homme d'affaires et philanthrope Osman Kavala, écroué depuis un an, d’œuvrer à «déchirer» la Turquie, le comparant au «célèbre juif» américano-hongrois George Soros.
Osman Kavala est une figure majeure de la société civile en Turquie. Il est écroué depuis plus d'un an, soupçonné par les autorités d'avoir «financé» des manifestations antigouvernementales en 2013 et d'être lié au putsch manqué en 2016, ce qu'il nie farouchement.
«Qui se trouve derrière lui [Osman Kavala] ? Le célèbre juif hongrois Soros. Cet individu envoie des gens à travers le monde pour diviser et déchirer les nations et emploie l'argent qu'il possède en grande quantité à cet effet», a déclaré le président turc à Ankara devant un parterre d'élus locaux. Et de préciser : «De la même manière, son représentant en Turquie [...] emploie ses moyens à soutenir ceux qui s'efforcent de déchirer et diviser ce pays». Le nom d'Osman Kavala est revenu sur le devant de la scène la semaine dernière avec l'interpellation, vivement critiquée par des pays européens, d'intellectuels liés au philanthrope.
Bien qu'il se défende de tout antisémitisme, Recep Tayyip Erdogan a plusieurs fois été épinglé pour des propos controversés. En 2014, il avait ainsi suscité un tollé en traitant un manifestant d'«espèce de sperme d'Israël».
Recep Tayyip Erdogan présente régulièrement la Turquie comme cernée par des ennemis qui tentent d'empêcher son pays de déployer tout son potentiel économique. Le 21 novembre, le président turc a également vivement critiqué un arrêt émis le 20 novembre par la Cour européenne des droits de l'homme sommant Ankara de libérer l'opposant kurde Selahattin Demirtas : «Prenez les décisions que vous voudrez, votez ce que vous voudrez depuis votre tour d'ivoire.»