Mercredi 24 octobre
La France prendra des sanctions «si la responsabilité de l'Arabie saoudite est avérée» dans le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi et que les faits sont «corroborés par nos services de renseignement», a annoncé le 24 octobre le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux.
«Tant que que cela ne sera pas parfaitement établi et tant que ces faits ne seront pas corroborés par nos services de renseignement, nous retiendrons nos décisions». En revanche, «dans l'hypothèse où la responsabilité de l'Arabie saoudite est avérée, alors nous en tirerons les conséquences et nous prendrons des sanctions», a-t-il déclaré à l'issue du Conseil des ministres.
Cette annonce intervient au lendemain de la visite d'Emmanuel Macron au salon aéronaval durant laquelle le président s'est montré irrité alors qu'il a été interrogé sur un éventuel arrêt des ventes d'armes à Riyad, comme l'a demandé l'Allemagne à tous les Européens. Il avait catégoriquement refusé de répondre.
Londres a annoncé mercredi l'annulation des visas britanniques éventuellement détenus par les suspects du meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi.
«Le ministre de l'Intérieur prend les mesures nécessaires pour empêcher les suspects d'entrer au Royaume-Uni», a précisé le Premier ministre britannique Theresa May devant le Parlement, à Londres. «Si ces individus disposent de visas, ces visas seront révoqués aujourd'hui», a-t-elle ajouté, précisant qu'elle parlerait dans la journée avec le roi saoudien Salman.
D'après le président iranien Hassan Rohani, le meurtre «odieux» du journaliste saoudien Jamal Khashoggi est impensable sans le soutien des États-Unis.
«Je ne pense pas qu'un pays ose faire une telle chose sans le soutien des États-Unis», a-t-il déclaré dans une allocution retransmise par la télévision d'État iranienne.
«Le groupe tribal qui dirige cette nation [l'Arabie saoudite] a une marge de sécurité qui consiste à compter sur les États-Unis. C'est cette superpuissance qui les soutient», a encore déclaré le chef d'Etat iranien.
Les Etats-Unis ont engagé la révocation des visas des Saoudiens impliqués dans le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, a indiqué le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo. «Ces sanctions ne seront pas le dernier mot des États-Unis sur ce dossier», a averti le chef de la diplomatie américaine.
21 personnes sont visées, qui se voient révoquer leur visa ou interdit d'en demander un, a précisé Heather Nauert, la porte-parole du département d'État.
Mardi 23 octobre
Le président américain Donald Trump a estimé le 23 octobre que le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi dans le consulat d'Arabie saoudite à Istanbul avait donné lieu à «l'une des pires opérations de dissimulation de l'histoire».
«Ils avaient un très mauvais projet à l'origine, il a été très mal exécuté et l'opération de dissimulation a été l'une des pires de l'histoire des opérations de dissimulation», a déclaré Donald Trump depuis le Bureau ovale.
Le vice-président américain, Mike Pence, a annoncé ce 23 octobre que les Etats-Unis exigeraient des réponses de l'Arabie saoudite après les affirmations du chef de l'Etat turc, Recep Tayyip Erdogan, sur le caractère prémédité du meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi.
«Le monde entier nous regarde. Les Américains veulent des réponses et nous allons exiger que ces réponses arrivent rapidement», a averti Mike Pence, lors d'une rencontre organisée par le Washington Post, où collaborait régulièrement Jamal Khashoggi.
Selon l'agence d'Etat saoudienne, le roi Salmane et le prince héritier Mohamed ben Salmane reçoivent au palais Al Yamama de Ryad les deux fils de Jamal Khashoggi, Sahl ben Ahmad et Salah ben Jamal, et leur présentent leurs condoléances pour la mort de leur père.
Selon la même source, les deux frères Sahl et Salah Khashoggi ont exprimé «leurs grands remerciements au roi et au prince Mohammed pour leurs condoléances».
Le gouvernement saoudien a déclaré que les toutes les personnes impliquées dans le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi devraient rendre des comptes, «peu importe qui elles sont».
«Des mesures ont été prises par le royaume pour découvrir la vérité et punir les responsables impliqués directement [dans le meurtre] et les personnes qui ont failli à leurs responsabilités», selon une déclaration publiée par l'agence officielle SPA à l'issue de la réunion hebdomadaire du gouvernement saoudien.
Selon des sources citées par le média britannique Sky News, des parties du corps appartenant au journaliste Jamal Khashoggi ont été retrouvées. Ce dernier aurait été découpé et son visage défiguré, selon ces sources.
L'une d'elle précise que les restes du corps du journaliste ont été découverts au domicile du consul général saoudien, dans le jardin.
Le porte-parole du Kremlin Dimitri Peskov a fait savoir que Moscou avait pris connaissance de la position officielle saoudienne sur le meurtre de Jamal Kashoggi. Et plus précisément sur le fait que selon Ryad, il n'y aurait pas de lien entre le drame et la famille royale saoudienne.
Selon Moscou, les autres aspects de la question relèvent de l'enquête de police en cours.
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Erdogan veut savoir «qui a donné les ordres» aux tueurs.
Le président turc demande que les 15 personnes impliquées dans le meurtre de Kashoggi soient jugées à Istanbul car «c'est ici que ça s'est passé».
«Jamal Khashoggi a été victime d'un assassinat barbare» déclare le président turc devant le parlement. Il demande ce que sont venues faire les 15 personnes venues ce jour-là à Istanbul et où se trouve le cadavre. «On nous dit qu'il a été remis à un collaborateur national. Où est-il? [...] De qui s'agissait-il?» a également interrogé le président turc.
«Il y a eu une feuille de route, un plan établi préalablement» a déclaré le président turc Recep Tayyip Erdogan qui a promis de révéler ce 23 octobre «toute la vérité» sur le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi et qui s'exprime devant le Parlement à Ankara, trois semaines après la disparition du journaliste.
Le Premier ministre libanais Saad Hariri a apporté ce 23 octobre son soutien à l'Arabie saoudite, dont l'image a été écornée par l'affaire du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, tué dans le consulat de son pays à Istanbul. «Les mesures prises par le royaume d'Arabie saoudite concernant le cas du journaliste Jamal Khashoggi [...] s'inscrivent dans un cadre qui sert la justice et doit permettre de mettre à jour toute la vérité», a estimé Saad Hariri dans un communiqué. Le Premier ministre libanais a estimé que «les directives [...] du roi Salmane [...] contribueraient à répondre aux campagnes malveillantes menées contre le royaume».
Les déclarations de Saad Hariri interviennent moins d'un an après sa démission surprise à la télévision depuis Ryad, laissant cours à des rumeurs sur son probable maintien contre son gré par les autorités saoudiennes.
Le corps du journaliste assassiné, Jamal Khashoggi, aurait été retrouvé dans la résidence du consul général d'Arabie saoudite à Istanbul, a déclaré Dogu Perinchek, le chef du parti turc Vatan («la patrie»), cité par l'agence d'information russe RIA Novosti. «Des sources fiables des services de sécurité d'Istanbul m'ont dit que le corps de Khashoggi avait été retrouvé dans un puits situé dans un jardin sur le territoire de la résidence du consul général d'Arabie saoudite», a déclaré l'homme politique turc. L'information n'a toutefois pas été confirmée officiellement par les autorités turques
CNN diffuse la vidéo où l'on peut voir un homme sortir du consulat d'Istanbul en portant les vêtements de Jamal Khashoggi dans le but de se faire passer pour lui et ainsi dissimuler la mort du journaliste saoudien. En effet, selon un haut responsable du gouvernement saoudien cité par l'agence Reuters, un «faux» rapport aurait été communiqué par l'équipe à l'origine de la mort du journaliste. Dans ce document, il aurait été affirmé que Jamal Khashoggi était sorti vivant du consulat, ce que cette scène était censée prouver.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a promis de révéler ce 23 octobre «toute la vérité» sur le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi. Il doit s'exprimer à 10h devant le Parlement à Ankara, trois semaines après la disparition du journaliste.
«Depuis le début, la ligne de notre président est claire : rien ne restera secret concernant cette affaire», a déclaré le 22 octobre le porte-parole de la présidence turque, Ibrahim Kalin. La Turquie «ne voudrait pas» que ses relations avec l'Arabie saoudite, «pays frère et ami», pâtissent de ce meurtre, a-t-il ajouté.
Les Turcs avaient rapidement mis à mal la thèse officielle de l'Arabie saoudite, selon laquelle Jamal Khashoggi était ressorti du consulat. Dès le 6 octobre, une source proche du gouvernement révélait que la police était convaincue que le journaliste avait «été tué au consulat par une équipe venue spécialement à Istanbul et repartie dans la même journée».
Lundi 22 octobre
«Je ne suis pas satisfait de ce que j'ai entendu», a déclaré Donald Trump depuis la Maison Blanche, précisant qu'il s'était entretenu avec le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.«Nous saurons très bientôt», a-t-il ajouté en évoquant le meurtre du journaliste.
Interrogé sur le délai d'un mois mis en avant par Ryad pour faire la lumière sur cette affaire, le président américain a déclaré : «C'est un long délai, il n'y aucune raison pour cela»
«Nous avons des gens en Arabie saoudite, nous avons des gens en Turquie [...]. Nous en saurons beaucoup plus dans les jours à venir», a-t-il par ailleurs affirmé.
Le Premier ministre britannique Theresa May a réclamé ce 22 octobre «la vérité sur ce qui s'est passé».
«Depuis le début, la ligne de notre président est claire : rien ne restera secret concernant cette affaire. Sur le plan judiciaire, nous irons au fond de cette affaire. Mettre au jour tous ses aspects est notre but final», a déclaré le porte-parole de la présidence turque Ibrahim Kalin lors d'une conférence de presse.
Le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi dans le consulat de son pays à Istanbul a été «sauvagement planifié», a affirmé le 22 octobre un haut responsable turc, ajoutant que «des efforts conséquents» avaient été déployés pour le dissimuler.
«Nous sommes face à une situation qui a été sauvagement planifiée et des efforts conséquents ont été déployés pour dissimuler» ce meurtre, a déclaré lors d'une conférence de presse à Ankara Omer Celik, porte-parole du parti au pouvoir en Turquie (AKP).
Selon le quotidien turc Yeni Safak, proche d'Erdogan, à l'intérieur du consulat d'Arabie Saoudite à Istanbul, les geôliers de Jamal Khashoggi lui auraient passé le prince héritier saoudien Mohammed Ben Salmane au téléphone.
Celui-ci aurait alors tenté de le convaincre de rentrer à Riyad. Mais Jamal Khashoggi, installé aux Etats-Unis, aurait refusé en faisant valoir qu'il craignait d'être arrêté et exécuté dès son retour en Arabie Saoudite. Selon Yeni Safak, c'est à ce moment-là que ses bourreaux auraient procédé à son meurtre.
Les chefs d'Etat turc et américain, Recep Tayyip Erdogan et Donald Trump, sont d'accord sur la «nécessité d'éclaircir» l'affaire Khashoggi, selon des informations rapportées par la présidence turque.
L'Allemagne n'autorisera pas pour l'instant d'exportations d'armes vers l'Arabie saoudite, compte tenu de l'incertitude qui demeure autour de la mort du journaliste Jamal Khashoggi. «Je suis d'accord avec tous ceux qui disent que les exportations d'armes ne peuvent pas intervenir dans la situation où nous nous trouvons, même si ces ventes sont d'ampleur limitée», a déclaré ce 21 octobre à la presse la chancelière Angela Merkel, à Berlin, au siège de son parti de centre-droit (CDU).
«Il y a encore des choses qui doivent être éclaircies de manière urgentes [par les autorités saoudiennes car] tout n'a pas été dévoilé», a-t-elle ajouté.
Au cours d'un entretien publié dans la soirée du 20 octobre par le Washington Post, journal auquel collaborait Jamal Khashoggi, Donald Trump a contesté la version donnée par Riyad selon laquelle, le journaliste avait été tué à l'intérieur de son consulat à Istanbul après une rixe impliquant un responsable du renseignement saoudien.
Leurs histoires partent dans tous les sens
«Il y a manifestement eu tromperie et mensonges», a déclaré le président américain. «Leurs histoires partent dans tous les sens», a-t-il par ailleurs ajouté. Donald Trump avait pourtant jugé la veille crédible l'explication fournie par les autorités saoudiennes.
Dimanche 21 octobre
La président turc Recep Tayyip Erdogan a promis ce 21 octobre qu’il révélerait «toute la vérité» sur la mort du journaliste saoudien Jamal Khashoggi à Istanbul. «Nous cherchons la justice ici, et toute la vérité sera révélée [...], la vérité nue», a-t-il lancé lors d'un rassemblement à Istanbul. Il a précisé qu'il ferait une déclaration sur cette affaire le 23 octobre au parlement.
«Nous avons découvert qu'il [Jamal Khashoggi] a été tué au consulat [saoudien à Istanbul]. Nous ne savons pas comment, dans le détail. Nous ne savons pas où se trouve le corps», a déclaré le 21 octobre le chef de la diplomatie saoudienne Adel al-Jubeir, au cours d’un entretien à la chaîne américaine Fox News.
Une erreur monumentale a été faite
«Les individus qui ont fait cela l'ont fait en dehors du champ de leurs responsabilités. Une erreur monumentale a été faite, qui a été aggravée par la tentative de la cacher», a-t-il par ailleurs ajouté.
Le journaliste saoudien Jamal Khashoggi était porté disparu depuis le 2 octobre, jour où il avait pénétré dans le consulat saoudien d'Istanbul. Dans un premier temps, les autorités saoudiennes avaient affirmé que le journaliste était ressorti vivant du consulat. Le 19 octobre, Riyad a finalement reconnu que Jamal Khashoggi avait été tué à l'intérieur du bâtiment, arguant qu'il avait péri lors d'une rixe et imputant la responsabilité de sa mort à un responsable du renseignement saoudien.
Néanmoins, le journal turc Yeni Safak, affirmant s'appuyer sur des enregistrements sonores réalisés sur place, a écrit que le journaliste avait été torturé avant d'être «décapité» par des agents saoudiens. Le site Middle East Eye, se basant sur les mêmes bandes sonores, a affirmé que l'assassinat de Jamal Khashoggi avait duré sept minutes et que les agents avaient commencé à découper le journaliste en morceaux alors qu'il était encore vivant.