Viols, torture, séquestration, tatouages de swastika: le calvaire de Khadija choque le Maroc (VIDEO)

Le témoignage d'une adolescente marocaine, kidnappée et martyrisée pendant près de deux mois par un groupe d'hommes a suscité l'indignation sur la toile marocaine. Une pétition pour venir en aide à Khadija a rassemblé plus de 25 000 signatures.
Visage masqué, Khadija raconte son calvaire dans une interview accordée à la chaîne marocaine Chouf TV. Son corps en dit long sur la souffrance qu'elle a traversée : la jeune fille de 17 ans a le corps recouvert des tatouages que lui ont fait ses agresseurs, qui l'ont violée et martyrisée. Son témoignage a déclenché une grande émotion sur les réseaux sociaux. L'adolescente affirme avoir été enlevée il y a trois mois devant chez sa tante à Fqih ben Saleh, dans le centre du pays, par des garçons connus pour appartenir à une «bande dangereuse».
«Ils m'ont séquestrée pendant près de deux mois, violée et torturée, [...] je ne leur pardonnerai jamais, ils m'ont détruite», déclare-t-elle en montrant des tatouages graveleux et des traces de brûlures de cigarettes sur son corps. A l'hebdomadaire Telquel, Khadija a raconté avoir été emmenée par le groupe dans un terrain vague qu'elle ne connaissait pas. «J'ai essayé de fuir à plusieurs reprises, mais ils ont réussi à m'attraper. Ils m'ont alors frappée [...] Ce sont des criminels qui ne me donnaient ni à manger ni à boire et ne m'autorisaient pas à me laver», raconte la jeune fille. Au bout de deux mois, «mon père a appelé l'un d'eux et lui a promis de ne pas porter plainte. Ils m'ont alors déposée en moto devant chez moi», explique-t-elle. Mais finalement, la jeune fille a décidé de porter plainte. «Je veux la justice et qu'ils paient pour ce qu'ils m'ont fait», a-t-elle encore expliqué à Chouf TV.
Forte mobilisation sur les réseaux sociaux
L'état de Khadija «est stable, nous essayons de la soutenir, de lui assurer que justice lui sera rendue et de lui dire qu'elle n'y est pour rien [...] Nous sommes émus par l'élan de solidarité», a affirmé son père, Mohamed Okkarou. Selon lui, trois des agresseurs ont été arrêtés le 25 août. Il affirme également que la première audience du procès aura lieu le 6 septembre. Au total, 12 personnes ont été interpellées dans le cadre de cette affaire, a indiqué à l'AFP Naima Ouahli, membre de l'Association marocaine des droits humains à Beni Mellal, localité située près de Fqih ben Saleh.
Une pétition intitulée «Venons tous à la rescousse de Khadija» et destinée à fournir à la jeune fille des soins et une aide psychologique a déjà recueilli, ce 28 août, plus de 25 000 signatures. #Khadija, #JusticepourKhadija, #NoussommestousKhadija : ces mots-dièse partagés sur les réseaux sociaux, souvent accompagnés d'un dessin de femme nue, tatouée, le visage barré d'un «SOS», sont devenus viraux ces derniers jours.
Puisse le terrible choc de ce viol collectif réveiller davantage les consciences au #Maroc, comme le fut celui de Jyoti Sing, « la fille de l’Inde », dans un bus à New Delhi ou celui de la #Manada (la meute) sur une jeune madrilène à Pampelune. #justicepourKhadijapic.twitter.com/UKGNwQLI4B
— Boubacar Seck (@seckboubacar) 26 août 2018
Ils étaient 10 ils l’ont kidnappé, sequestrée, battue, tatouée d’insultes, violée elle a 17 ans L’histoire de Khadija m’a touché , j’espère qu’elle a le moral qu’il faut dans ce genre de situation . La justice doit sanctionner lourdement ces individus. #JusticePourKhadija
— Cyril Bokilo🇨🇬 (@CyrilBokilo) 28 août 2018
Elle va bien. Pour l’instant elle va bien. Elle est belle, elle est digne, elle est forte, tellement forte.
— Lylou Slass (@Lylou20) 27 août 2018
Sa tête haute et ses yeux brillants donnent d’emblée le ton : Khadija a subi l’horreur, elle veut que justice soit faite et aller de l’avant.
Le 14 février dernier, après plusieurs années de débats, le Parlement marocain a adopté une loi contre les violences faites aux femmes. Ce texte pénalise pour la première fois «certains actes considérés comme des formes de harcèlement, d'agression, d'exploitation sexuelle ou de mauvais traitement». Il durcit également les sanctions pour certains cas et prévoit des «mécanismes pour prendre en charge les femmes victimes» de violences. Cette avancée a cependant été jugée insuffisante par plusieurs associations et personnalités marocaines.