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La Russie invite les Taliban et le gouvernement à une rencontre sur l'Afghanistan en septembre

L'Afghanistan va-t-il enfin signer la paix après des décennies de guerre ? La Russie prépare une rencontre internationale dans ce dessein à la rentrée. Et comme on ne peut faire la paix qu'avec ses ennemis, elle y a convié toutes les parties.

La Russie a annoncé le 20 août préparer une rencontre internationale sur l'Afghanistan qui doit avoir lieu le 4 septembre, précisant y avoir également invité les Taliban, le mouvement fondamentaliste islamiste. «Nous la préparons pour le 4 septembre», a déclaré le représentant spécial du président russe pour le règlement du conflit en Afghanistan, Zamir Kaboulov, à l'agence Interfax.

Zamir Kaboulov a confirmé que les Taliban avaient bien été invités à cette rencontre, dans le cadre des «efforts visant à lancer le processus de la réconciliation nationale en Afghanistan».

L'ambassadeur d'Afghanistan en Russie, cité par l'agence Interfax, a salué cette initiative. Il a estimé que Moscou souhaitait «utiliser les Taliban contre Daesh» en Afghanistan.

L'annonce de Moscou intervient au lendemain de l'annonce par le président afghan Ashraf Ghani d'un nouveau cessez-le-feu de trois mois «à condition que les Taliban fassent de même». Cet arrêt des hostilités entrant en vigueur à partir de ce 20 août, juste avant les célébrations de la fête musulmane de l'Aïd al-Adha, devrait se prolonger jusqu'à la fête du Mawlid nabawi, célébrant l'anniversaire du prophète de l'islam, le 21 novembre. Une précédente trêve de quelques jours avait été déclarée entre les deux parties en juin dernier pour la fin du ramadan. Zamir Kaboulov a qualifié de «positive» cette offre de cessez-le-feu et a dit espérer que «les Taliban aussi y réagiront de manière positive». 

Washington hors-jeu?

Cette annonce a été saluée par les Etats-Unis qui semblent toutefois perdre le contrôle de ce pays qu'ils ont envahi en 2001 juste après les attentats du 11 septembre. Dans des communiqués séparés, le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, et le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, ont dit soutenir cette offre de cessez-le-feu. «Il n'y a pas d'obstacles pour les pourparlers. Le temps de la paix est venu», a déclaré Mike Pompeo à l'égard des Taliban. «Nous restons prêts à soutenir, faciliter et participer à des négociations directes entre le gouvernement afghan et les Taliban», a-t-il ajouté. On ne sait pas si les forces américaines et celles de l'OTAN en Afghanistan respecteront également ce cessez-le-feu.

Moscou semble toutefois être l'intermédiaire privilégié de cette fin de conflit. En avril 2017, une première conférence internationale sur l'Afghanistan avait rassemblé dans la capitale russe des représentants afghans, indiens, iraniens, chinois, pakistanais et ceux des cinq ex-républiques soviétiques d'Asie centrale. Les Etats-Unis avaient été invités, mais avaient refusé d'y participer. A l'issue de cette conférence, la Russie et ses alliés avaient appelé les Taliban à déposer les armes et à négocier directement avec le gouvernement afghan. Déjà, la Russie s'était dite prête à servir de plateforme pour un tel dialogue entre les belligérants.

La réponse des Taliban encore attendue

L'Afghanistan attend la réponse des Taliban à son offre de cessez-le-feu alors qu'ils n'ont pas communiqué sur cette proposition. En revanche, quelques heures après l'intervention du chef de l'Etat afghan, les insurgés avaient fait savoir qu'ils libéreraient le 20 août des centaines de «prisonniers ennemis» pour qu'ils puissent passer l'Aïd al-Adha avec leurs familles et amis. Il était toutefois difficile de savoir à quels détenus ils se référaient.

Interrogé par l'AFP, l'un de leurs cadres au Pakistan a expliqué qu'ils devaient encore préparer une réponse formelle à l'offre d'Ashraf Ghani. Même sans annonce officielle, les combats devraient diminuer d'intensité pendant l'Aïd. «Nous appelons la direction des Taliban à accueillir les vœux de paix longue et véritable des Afghans. Nous les exhortons à se préparer à des discussions de paix basées sur les valeurs et principes islamiques», a notamment affirmé Ashraf Ghani.

Cette annonce intervient après dix jours extrêmement violents. Le 9 août, les Taliban ont lancé un assaut contre Ghazni, ville stratégique située à deux heures de route de Kaboul. L'armée afghane, appuyée par des raids aériens américains, a peiné plusieurs jours avant de parvenir à les repousser. Les Taliban ont également conquis une base de l'armée afghane dans le Nord-Ouest tandis qu'un attentat du groupe Etat islamique dans une école de Kaboul a tué au moins 37 personnes, pour la plupart des adolescents.

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