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Coupe du monde 2018 : la Russie cloue le bec aux oiseaux de mauvais augure

Racisme, hooliganisme, boycott diplomatique : les Cassandre avaient prévu le pire pour la Coupe du monde de football 2018. Pays hôte, la Russie a au contraire réussi le pari d’organiser un événement planétaire sans incident majeur.

Les éloges sur l’organisation de la 21e édition de la Coupe du monde de football en Russie ont doucement commencé à pleuvoir. Premier à féliciter le pays hôte et son président Vladimir Poutine pour le bon déroulement du tournoi de football, le président de la FIFA Gianni Infantino : «C'est la meilleure Coupe du monde de tous les temps», a-t-il estimé le 13 juillet lors d’une conférence de presse.

Dans son sillage, le président français Emmanuel Macron, a également adressé des louanges à son homologue russe lors de son passage au Kremlin, quelques heures avant la finale, le 15 juillet. «Je voulais vous féliciter pour la belle performance de l'équipe de Russie […] Et vous féliciter également en tant que pays organisateur pour le bon déroulement de ces événements, ils sont non seulement regardés dans le monde entier mais le monde entier y vient», a déclaré le président français. Un ton qui tranche radicalement avec celui qu'avait adopté nombre de médias depuis la désignation de la Russie pour organiser le Mondial 2018, le 2 décembre 2010.

Les hooligans ont brillé par leur absence 

Parmi les nombreux points noirs énumérés par certains médias occidentaux susceptibles d’entacher la compétition, figurait en bonne place le hooliganisme. Articles de presse, éditoriaux, documentaires : les médias britanniques, en particulier, n’y sont pas allés de main morte pour agiter le spectre d’une Coupe du monde où les batailles rangées se succéderaient quotidiennement dans tout le pays.

En témoigne l’article apocalyptique du tabloïd britannique The Sun, qui affirmait sans sourciller en novembre 2017 : une «armée de nazis» attend de pied ferme les hooligans anglais. Huit mois plus tôt, la BBC, avait contribué à attiser les peurs en diffusant un documentaire durant lequel un hooligan filmé à proximité de la Rostov Arena (à Rostov-sur-le-Don), promettait «un festival de violence» lors de la Coupe du monde. Le sinistre décor était déjà planté.

Mais voilà : le Mondial est à présent terminé, et la Russie n’a pas connu ces tristes événements, à la faveur notamment d’une série de mesures prises en amont par les autorités. Liste de noire des individus à risque, échange d’informations avec les pays étrangers ou encore renforcement des effectifs des forces de l’ordre, la Russie n’a pas lésiné sur les moyens afin de garantir une sécurité optimale aux visiteurs. Un investissement qui semble s'être avéré utile, puisqu’aucun problème portant sérieusement atteinte à la sécurité des personnes n’a été enregistré.

Lire aussi : «Diffamation !» : Le documentaire de la BBC sur les dangers des hooligans russes scandalise Moscou

La Russie, pays raciste ? Quand le cliché se brise

Pays fermé, où de nombreux supporters imiteraient frénétiquement le cri des singes à la vue d’un joueur noir, la Russie a reçu, là aussi, un traitement médiatique disproportionné.

«Nous notons que malgré l’attention des médias et les efforts de la Fédération russe de football, les fans continuent à viser les joueurs noirs avec des cris de singe […] Une nette augmentation du nombre de chants discriminatoires, dont des cris de singe, indique un enracinement profond du racisme et un manque d’éducation et de prévention de la part des clubs», avait noté l’ONG Le football contre le racisme en Europe dans son rapport 2017-2018. S’il n’est pas question de porter un jugement sur la véracité de ce rapport, le soudain intérêt qu’il a suscité notamment dans la presse française à quelques jours de l’ouverture du Mondial, pose la question de la neutralité du traitement de l'information par les médias occidentaux au sujet de la société russe. Notamment lorsque l'on considère que des faits déplorables similaires surviennent parfois en Italie et dans d'autres pays européens, sans que ces pays n'aient à endurer, dans de telles proportions, le cliché d’un pays raciste et peu accueillant. 

Or, durant le Mondial, aucune attaque à caractère raciste n’a été rapportée. 

20 ans plus tôt, j'aurai incité les personnes souhaitant venir en Russie, surtout les noirs, à la prudence [...] C'était il y a 20 ans. Les choses ont changé maintenant. [La société russe] est beaucoup plus tolérante

Interrogé le 9 juin sur la déclaration de l'international britannique Danny Rose qui expliquait avoir interdit à sa famille de venir le voir en Russie, craignant des abus racistes pendant la Coupe du monde, l'ambassadeur du Nigéria en Russie Steve Davies Ugbah avait déclaré : «20 ans plus tôt, j'aurai incité les personnes souhaitant venir en Russie, surtout les noirs, à la prudence... A cause d'une réelle problématique liée au racisme [...] C'était il y a 20 ans. Les choses ont changé maintenant. [La société russe] est beaucoup plus tolérante.» 

Quand le boycott diplomatique tombe à l’eau

Le 4 mars dernier, les ressortissants russes Sergueï et Ioulia Skripal avaient été retrouvés inconscients sur un banc et hospitalisés dans un état critique à Salisbury, au Royaume-Uni. Victimes d'une tentative d'empoisonnement par un agent innervant, ils ont été soignés plusieurs semaines avant de quitter leur hôpital. Londres, par la voix de son Premier ministre Theresa May, avait immédiatement pointé la responsabilité de Moscou dans cette affaire sans en apporter la preuve pour autant. De son côté, la Russie a toujours nié toute implication et a mis directement en cause les dirigeants britanniques.

Malgré tout, Theresa May ainsi que plusieurs de ses homologues occidentaux avaient alors décidé de boycotter diplomatiquement le tournoi. Malgré ce climat tendu entre les pays occidentaux et la Russie, plusieurs dirigeants européens ont fait le voyage en Russie pour supporter leur équipe au regard de leurs belles performances.

En effet, la Belgique, la France ou encore la Croatie, qui avaient pourtant expulsé des diplomates russes dans le cadre des mesures de rétorsions liées à l'affaire Skripal, ont été représentées au plus haut niveau, ne suivant aucunement l'initiative britannique. En effet, le roi de Belgique, Philippe, accompagné de la reine Mathilde, a assisté à deux rencontres des Diables Rouges, face à la Tunisie en phase de poule et à la France en demi-finale. Emmanuel macron a assisté à cette même demi-finale et à la finale, pour soutenir les Bleus. Quant à la présidente croate Kolinda Grabar-Kitarovic, elle a spécialement pris des congés sans soldes pour encourager les coéquipiers de Mario Mandzukic depuis les huitièmes de finale. 

Alors que le rideau est tombé sur la Coupe du monde, la Russie peut, donc, se targuer d'avoir déjoué les pronostics les plus sombres... et d'être parvenue jusqu'en quarts de finale.

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