Recherché par les Etats-Unis et exilé en Russie, le lanceur d'alerte Edward Snowden est toujours aussi convaincu du combat qu’il a mené. Il y a cinq ans, il a fui les Etats-Unis afin de dévoiler le scandale des pratiques d'espionnage des citoyens par l'Agence nationale de la sécurité (NSA). Cinq ans plus tard, il s'est confié au quotidien britannique The Guardian, média qui avait publié le premier article sur ces révélations fracassantes.
Le gouvernement et le secteur privé pariaient sur notre ignorance. Mais maintenant, nous savons
Selon lui, ses révélations sur les données aspirées par le gouvernement américain ont eu des répercussions, n’en déplaise aux esprits chagrins qui estiment qu’elles n’ont pas eu d’effet.
«Les gens prétendent que rien n’a changé, qu’il y a toujours de la surveillance de masse. Ce n’est pas comme cela que l’on évalue le changement. Souvenez-vous du contexte avant 2013 et rendez-vous compte de ce qu’il s’est passé depuis. Tout a changé», estime au contraire le lanceur d'alerte. Le point clé est selon lui la prise de conscience générale. «Le gouvernement et le secteur privé pariaient sur notre ignorance. Mais maintenant, nous savons. Les gens sont au courant désormais. Ils sont toujours impuissants à arrêter le phénomène mais on essaie de le faire. Les révélations ont rendu le combat plus égalitaire», juge-t-il.
Les révélations ont rendu le combat plus égalitaire
Les acteurs du numérique reconnaissent que cette véritable bombe a accéléré la mise en place de la protection des données et de la confidentialité des communications, par exemple sur la messagerie Whatsapp qui a fini par encrypter les envois de ses utilisateurs.
Un lanceur d'alerte angoissé mais convaincu de sa mission
Edward Snowden revient sur le jour où tout a basculé, alors qu’il s’était réfugié depuis le 20 mai 2013 dans une chambre d’hôtel à Hong Kong, juste après avoir transmis les informations à des journalistes qui s'apprêtaient à les publier. «C’était angoissant mais c’était libérateur», a-t-il confié au Guardian. «J’avais un but en tête. Il n’y avait pas de retour en arrière possible», révèle-t-il.
Aujourd'hui, il ne regrette pas sa vie tranquille d’employé de la NSA. «Si j’avais voulu être en sécurité, je n’aurais pas quitté Hawaï», explique-t-il. Mais il estime qu’il a joué son rôle, et peut désormais s’adonner à une vie plus tranquille. Actuellement, il développe des outils pour aider les journalistes à protéger leurs sources. «Je ne pense pas avoir été plus accompli que maintenant», conclut le lanceur d’alerte en exil.
J’avais un but en tête. Il n’y avait pas de retour en arrière possible
Les Etats-Unis souhaiteraient traduire en justice l'ancien contractuel de la NSA réfugié en Russie pour espionnage et vol de propriété gouvernementale depuis la divulgation aux journalistes par ses soins d’un grand nombre d’informations secrètes en juin 2013.
Il avait volé ces données ultraconfidentielles à l’aide d’une clé USB. Entré en contact avec des journalistes, il a divulgué ces informations au fur et à mesure et les premiers articles concernant les activités d’espionnage de la NSA sont parus début juin, provoquant la furie des autorités américaines. En tout, 1 700 000 documents auront été dérobés et dévoilés par Edward Snowden, ce qui en fait la plus importante fuite de données de l’histoire du renseignement américain.
La Russie lui a accordé l’asile pour un an en août 2013. Un an plus tard, il a reçu un titre de séjour russe valable pour trois ans, qui a été renouvelé en janvier 2017.