Allemagne : les antifas publient un guide du «touriste émeutier» avant une réunion de l'AfD
Fort de son succès aux législatives, le parti Alternative für Deutschland se réunit en congrès fin juin. Avec un guide à l'attention des contre-manifestants, les antifas s'organisent déjà et ne font pas mystère de leur intention de semer le trouble.
«Augsbourg pour les touristes émeutiers» : l'extrême gauche allemande prépare avec soin sa réaction à la tenue du congrès fédéral annuel d'Alternative für Deutschland (AfD). Le parti souverainiste et anti-immigration, qui a effectué une percée notable lors des dernières élections législatives en Allemagne en septembre, doit se réunir à Augsbourg (Bavière) du 30 juin au 1er juillet 2018.
Conçu graphiquement comme une brochure publicitaire, un guide, mis en ligne sur la plateforme Indymedia, fourmille de renseignements utiles et détaillés, dans tous les domaines : itinéraires, informations géographiques, mais aussi adresses privées de personnalités de l'AfD, qualifiées au passage de «collabos».
Zusammen mit einem „Aufruf zum Krawall“ veröffentlichen die Vollblutdemokraten der „Anti“fa Privatadressen von #AfD-Politikern.#SAntifa#Linksfaschismuspic.twitter.com/TENoDUhuS9
— Marc B. ن (@marcboe) 9 mai 2018
Dans un manifeste séparé, avec le sous-titre sans ambages «Appel à l'émeute», les antifas expliquent les raisons pour lesquelles ils veulent perturber l'événement. «Nous vivons en Allemagne aujourd'hui un bouleversement du climat politique», détaillent les auteurs du texte, déplorant une montée, selon eux, des «clichés racistes», des «stéréotypes antisémites» et des «campagnes de dénigrement antiféministes». Forgeant la notion de «société allemande post-nationale socialiste» en référence à l'Allemagne nazie, les antifas se définissent en outre dans ce texte comme une minorité se battant contre une «majorité allemande».
En août 2017, les autorités allemandes avaient procédé à la fermeture d'un site d'extrême gauche, hébergé par cette même plateforme Indymedia. Cette décision faisait suite aux nombreuses violences qui avaient émaillé le sommet du G20 à Hambourg un mois plus tôt. Selon Thomas de Maizière, alors ministre allemand de l'Intérieur, Indymedia était le théâtre «quasi-quotidien» de propos haineux, de propagande, voire «d'assistance concrète» à la commission d'infractions, par exemple en discutant de la fabrication d'un cocktail Molotov.