L'Ukraine interdit l'agence de presse russe Ria Novosti sur son territoire
- Avec AFP
Kiev a interdit à l'agence de presse publique russe Ria Novosti d'opérer sur son territoire. édictant de nouvelles sanctions visant Moscou. Elles ont été décrétées après l'arrestation de son rédacteur en chef à Kiev, inculpé pour «haute trahison».
Ria Novosti et Interselekt, l'entreprise qui gère les activités économiques de l'agence de presse russe à Kiev, ont été ajoutées pour une durée de trois ans à la liste noire du Conseil national de sécurité et de défense (NSDC), publiée sur le site internet de la présidence ukrainienne le 24 mai. Ces sanctions comprennent le blocage des avoirs, des moyens de télécommunications utilisés par l'agence et du site internet ukrainien de Ria Novosti. L'agence russe a donc désormais l'interdiction d'opérer sur le territoire ukrainien.
Le directeur de l'agence d'information russe Rossia Segodnia, la maison-mère de Ria Novosti, a dénoncé cette décision comme «un indicateur de l'impotence» des autorités ukrainiennes. «Ils n'ont rien d'autre à faire que de poursuivre leurs propres citoyens, persécuter les journalistes, s'en prendre à la liberté d'expression, interdire des médias respectés», a déclaré Dmitri Kisseliov, cité par Ria Novosti.
La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Maria Zakharova a pour sa part qualifié les mesures prises par Kiev de «censure politique».
Anthony Bellanger, Secrétaire général de la Fédération internationale des journalistes (FIJ) a réagi dans un communiqué envoyé à RT France : «Au nom de la FIJ, je condamne une fois encore les attaques contre la liberté d’expression et la liberté de la presse en Ukraine, en général, et à l’égard des journalistes russes en particulier.»
Ce représentant de la première organisation mondiale de la profession a poursuivi : «C’est absolument intolérable et j’appelle solennellement le président ukrainien à autoriser de nouveau ces sites internet russes sur le web ukrainien. La défense du pluralisme de l’information doit rester un des piliers de la démocratie, en Ukraine comme ailleurs.»
Le 15 mai dernier à Kiev, les bureaux de l'agence de presse russe Ria Novosti avaient été perquisitionnés et son rédacteur en chef, le journaliste ukraino-russe Kyrylo Vychynski, arrêté. Le parquet ukrainien lui reproche des «activités anti-ukrainiennes» et l'accuse de «haute trahison», un crime passible de 15 ans de prison. Kyrylo Vychynski a travaillé pour des médias ukrainiens avant de devenir il y a plusieurs années le correspondant sur place de la télévision publique russe Rossia 1, puis d'être embauché par Ria Novosti. Il rejette toutes les accusations portées à son encontre et dénonce une «atteinte à la liberté d'expression».
La Russie avait réagi dans la foulée, affirmant attendre «avec impatience [...] la condamnation la plus sévère» de la part des organisations internationales. Le président russe Vladimir Poutine avait pour sa part confié que la détention de Kyrylo Vychynski pour des accusations de trahison nationale était une situation «sans précédent». Interrogée sur la situation du journaliste à l'occasion de sa visite à Moscou le 18 mai – et avant de se rendre à Kiev – la chancelière Angela Merkel avait de son côté promis d'évoquer le sujet avec le président ukrainien.