Venezuela : largement réélu, Maduro dénonce «l'empire» et appelle au dialogue avec les citoyens
Il était le favori à sa propre succession, Nicolas Maduro a été réélu président de la République bolivarienne du Venezuela avec 67,7% des voix. Fortement critiqué en Occident, le scrutin était également rejeté par une partie de l'opposition.
Le 20 mai 2018 se tenait l'élection présidentielle vénézuélienne. Réélu haut la main, Nicolas Maduro a remporté 67,7% des suffrages, se plaçant largement en tête devant son principal opposant, Henri Falcón, qui obtient quant à lui 21,2% des voix. Le scrutin s'est déroulé alors qu'une partie de l'opposition avait appelé au boycott. L'élection a de fait été marquée par un fort taux d'abstention – environ 52%, le plus important depuis 1958. Selon le décompte officiel, le président sortant a donc obtenu 5 823 728 suffrages sur 8 603 936 de votes.
«C'est un péché d'essayer de déstabiliser le Venezuela» : Maduro triomphe
S'exprimant devant ses sympathisants, Nicolas Maduro s'est ainsi réjoui d'un «record historique» : «Jamais auparavant un candidat présidentiel n'avait gagné avec 68% des voix du peuple, et jamais auparavant il n'avait 47 points d'avance sur le second candidat [...] Nous sommes la force de l'histoire transformée en une victoire populaire permanente.» Par ailleurs, face aux clivages importants qui marquent le paysage politique du pays, le président vénézuélien a exprimé sa volonté de dialoguer : «Je suis le président de tous les Vénézuéliens. J'appelle au dialogue. Un dialogue continu, c'est ce dont les Vénézuéliens ont besoin.»
68% obtiene @NicolasMaduro No pudo la violencia. No podrán empañar la victoria quienes han hecho la guerra o quienes no tienen el coraje de admitir su derrota. Es hora de cerrar el ciclo de agresión al Pueblo. Es hora de la paz y la economía. Ya basta de la agenda injerencista. pic.twitter.com/T64IdZz58e
— Ricardo Menéndez (@rmenendezp) 21 mai 2018
«Si l'empire ou les gouvernements d'extrême droite d'[Amérique latine] souhaitent un jour parler dans un contexte de paix et de respect, je suis toujours ouvert au dialogue», a ajouté le président vénézuélien. Nicolas Maduro a poursuivi : «Je m'adresse ici à l'empire : comprenez que le Venezuela est la garantie d'une stabilité sociale et politique dans la région [d'Amérique latine]. C'est un péché d'essayer de déstabiliser le Venezuela !»
De son côté, le militaire Henri Falcón, principal opposant de Nicolas Maduro, a également commenté le scrutin, avant même que ne tombent les résultats officiels : «Nous ne reconnaissons pas ce processus électoral, pour nous, il n'y a pas eu d'élection. Une nouvelle élection doit être organisée au Venezuela.» Des images de lui en train de voter ont cependant été diffusées. Parmi les aspects marquants du programme de Falcón, se trouvait l'adoption du dollar américain par son pays.
Venezuela: le candidat de l'opposition Henri Falcon vote pour la présidentielle où le président sortant Nicolas Maduro vise la réélection #AFPpic.twitter.com/D2dQEsrLkR
— Agence France-Presse (@afpfr) 20 mai 2018
Le Venezuela dans le viseur de l'Occident
La pression internationale contre Nicolas Maduro est allée crescendo depuis août dernier, après une vague de manifestations marquée par des violences, dans le contexte de la grave crise économique que traverse le pays. Les Etats-Unis ont saisi l'occasion pour adopter plusieurs trains de sanctions financières contre le Venezuela, et Donald Trump est même allé jusqu'à entretenir l'idée d'une intervention militaire. Emmanuel Macron avait quant à lui qualifié l'Etat sud-américain de «dictature».
#Macron accuse le #Venezuela d'être une «#dictature», Caracas dénonce une «#ingérence» dans ses affaireshttps://t.co/bwvXLIzxUwpic.twitter.com/jiuZpluFVK
— RT France (@RTenfrancais) 30 août 2017
Le 15 mai 2018, cinq jours avant l'élection présidentielle, l'entreprise américaine Kellogg's fermait les portes de son usine de Maracay (ville proche de Caracas), invoquant la «détérioration économique et sociale [du pays]». Si le groupe agro-alimentaire américain a précisé qu'il reviendrait «une fois que les conditions du pays le permettr[aient]», Nicolas Maduro a quant à lui dénoncé un départ visant à «effrayer le peuple» et a saisi l'occasion pour mettre l'usine abandonnée par le géant américain sous contrôle ouvrier.
Voir aussi : Le gratte-ciel bidonville de Caracas (DOCUMENTAIRE)