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«Pas le meilleur accord mais un facteur de paix» : Paris défend le JCPOA avant l'annonce de Trump

A quelques heures de l'annonce de la décision de Washington sur l'accord sur le nucléaire iranien, la ministre des Armées Florence Parly a rappelé l'attachement qu'y vouaient Paris et les Européens, tout en soulignant qu'il pouvait être amélioré.

«Ce n'est pas le meilleur accord du monde, [...] sans être parfait, il a néanmoins un certain nombre de vertus» : la ministre des Armées Florence Parly a défendu le 8 mai sur RTL l'accord sur le nucléaire iranien (connu sous l'acronyme JCPOA), quelques heures avant la décision de Donald Trump à son sujet.

Reprenant la proposition émise par Emmanuel Macron lors de sa visite à Washington, Florence Parly a déclaré que Paris souhaitait améliorer l'accord en le complétant, que les Etats-Unis décident d'y rester ou pas. Elle a en outre rappelé l'attachement des Européens au maintien et au respect du JCPOA, arguant qu'il était «un facteur de paix et de stabilisation dans une région [...] très éruptive».

La veille, le président américain Donald Trump avait déclaré dans un message sur Twitter qu'il annoncerait dans la soirée du 8 mai depuis la Maison Blanche sa décision quant au JCPOA. Depuis sa nomination, le chef d'Etat américain l'a toujours critiqué, le qualifiant de «mauvais accord» et laissant entendre à de nombreuses reprises qu'il pourrait s'en retirer.

Même s'il a entretenu le doute sur sa décision, les récentes nominations de Mike Pompeo au poste de secrétaire d’Etat et de John Bolton au poste de conseiller à la Sécurité nationale, tous deux partisans d'une ligne dure avec l'Iran, semblent plaider en faveur d'un rétablissement des sanctions contre Téhéran. D'autant que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a accusé le 30 avril Téhéran de mener un «programme nucléaire secret», ce que la Maison Blanche aurait tendance à croire.

Or ces sanctions avaient été levées en contrepartie de l'engagement pris par l'Iran en 2015 de ne pas se doter de l'arme nucléaire. Leur rétablissement aurait donc de fortes chances de tuer l'accord conclu à Vienne par Téhéran avec les Etats-Unis, la Russie, la Chine, la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne, après plus de dix ans de tensions sur le programme nucléaire iranien et un marathon diplomatique.

Nous sommes prêts à tous les scénarios possibles

Une éventualité qui inquiète Paris au plus haut point : dans une interview accordée à l'hebdomadaire allemand Der Spiegel le 4 mai, Emmanuel Macron avait évoqué le risque d’une guerre dans le cas où les Etats-Unis se retireraient de l’accord. «Nous ouvririons la boîte de Pandore, il pourrait y avoir une guerre», avait-il lancé, avant de tempérer quelque peu ses propos affirmant que ce n'était pas là l'intention de Donald Trump, selon lui. Sans être aussi alarmiste, Moscou partage l'avis de Paris. Dans une déclaration rapportée par l'agence de presse Reuters le 8 mai, le porte-parole du Kremlin a confié que toute action visant à briser ces accords aurait d'«inévitables conséquences néfastes».

De son côté, l'Iran, qui a très clairement fait savoir que l'accord n'était pas renégociable, a déclaré par la voix de son vice-président Eshaq Jahangiri : «Nous sommes prêts à tous les scénarios possibles.»

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