«Aucune preuve» : le TAS descend en flammes le témoignage de Rodchenkov sur le «dopage d'Etat» russe
Le Tribunal arbitral du sport (TAS) a rendu un rapport extrêmement critique du témoignage de Grigory Rodchenkov, qui est à l'origine des accusations de dopage d'Etat de la Russie. Pour le TAS, ses accusations ne sont corroborées par aucune preuve.
C'est en grande partie sur la base du témoignage de Grigory Rodchenkov que le Comité international olympique (CIO) avait décidé de bannir la Russie des Jeux de Pyeongchang 2018, ainsi que de nombreux athlètes russes deux ans plus tôt aux Jeux olympiques de Rio.
Grigory Rodchenkov, ancien directeur du laboratoire antidopage de Moscou entre 2005 et 2015, avait soutenu dans des déclarations fracassantes, notamment dans une interview au New York Times en mai 2016, qu'il existait un système de «dopage d'Etat» en Russie. Selon lui, celui-ci impliquait des athlètes, des entraîneurs, mais aussi des membres du FSB, accusés d'avoir escamoté les échantillons des sportifs dopés lors des JO de Sotchi.
Le Tribunal arbitral du sport annule la suspension de sportifs #russes 🇷🇺 sanctionnés pour #dopage#TAS
— RT France (@RTenfrancais) 1 février 2018
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Dans le même entretien, il avait en outre assuré être l'inventeur du cocktail Duchesse, un puissant mélange essentiellement constitué de stéroïdes, qui aurait été distribué à une liste de sportifs russes.
Les aveux gênants de Rodchenkov
Mais le Tribunal arbitral du sport (TAS), qui avait annulé début février la suspension de nombreux sportifs russes pour des violations des règles sur le dopage lors des JO de Sotchi en 2014, a révélé dans un volumineux rapport le 23 avril que cette décision avait été motivée par le fait que Grigory Rodchenkov n'avait pas été en mesure de prouver ses allégations.
Au cours de ses auditions, qui avaient commencé fin janvier, ce dernier a en effet admis n'avoir jamais distribué le cocktail Duchesse, n'avoir jamais vu un athlète prendre le fameux cocktail, pas plus qu'avoir été témoin d'instructions données aux sportifs et entraîneurs d'en faire usage. Grigory Rodchenkov a également admis qu'aucun test sur l'efficacité du cocktail Duchesse n'avait été fait, et lorsqu'il a été interrogé sur sa composition exacte, il a simplement déclaré qu'il avait besoin de cinq minutes pour s'expliquer... et s'est abstenu de le faire.
Sur la supposée utilisation du cocktail Duchesse, dont Grigory Rodchenkov aurait eu écho par un responsable, le TAS a estimé qu'il ne s'agissait que d'un «ouï-dire», à la valeur «très limitée».
S'il a répété qu'une équipe de «responsables», surnommée les «Magiciens», avait développé une technique pour ouvrir les flacons d'échantillons conçus pour être inviolables, il a précisé n'avoir «jamais vu un flacon être ouvert», ajoutant qu'il ne connaissait pas la méthode employée.
«Aucune preuve» de la culpabilité d'un athlète russe couronné d'or à Sotchi
Dans la conclusion de son rapport, le TAS a noté que les affirmations sur la culpabilité d'Alexander Legkov (le fondeur couronné d'or à Sotchi, suspendu par le CIO, qui a fait appel) ne reposaient que sur une «simple affirmation qui n'est corroborée par aucune preuve».
En novembre 2017, le Comité d'enquête russe avait annoncé qu'il chercherait à obtenir l'extradition de Grigory Rodchenkov, résidant aux Etats-Unis depuis 2015. Une procédure d'obstruction d'entrave à la justice a été engagée contre lui. Il a également été inscrit à la liste internationales des personnalités recherchées.