Deux partis arrivés en tête mais qui ne parviennent pas à s'entendre, un Parti démocrate historique qui se refuse à participer à un gouvernement et préfère rester dans l'opposition... L'Italie, au paysage politique très fragmenté semble dans l'impasse.
Après deux premières journées de tractations, les principales forces issues du scrutin du 4 mars, la coalition de droite réunissant Forza Italia, le parti de Silvio Berlusconi et la Ligue d'un côté, le Mouvement 5 Etoiles (M5S), eurosceptique et anti-establishment, de l'autre, campent toujours sur leurs positions. Chacun se refuse à nouer une alliance aux conditions de l'autre.
Plus d'un mois après les élections législatives italiennes du 4 mars dernier, faute d'accord sur un gouvernement après une série de consultations, un nouveau round de négociations entre partis politiques sera donc nécessaire. Les principaux dirigeants politiques du pays ont été invités par le président Sergio Mattarella à revoir leur copie. «Je laisserai passer quelques jours de réflexion, qui seront utiles à tous les partis pour évaluer la situation de façon responsable, les convergences en termes de programme et les solutions possibles pour former un gouvernement», a expliqué le chef de l'Etat italien.
Le M5S vent debout contre la proposition d'alliance de la Ligue avec Forza Italia
«Beaucoup sont venus ici énumérer des non, nous au président de la République nous avons offert des oui», a toutefois assuré Matteo Salvini, 45 ans, chef de la Ligue, et leader de la coalition de droite qui a remporté les élections de mars avec 37% des voix.
«Il faut arrondir des angles», a-t-il insisté, assurant qu'il allait rencontrer «tout le monde» dans les prochains jours. Matteo Salvini s'est en outre dit prêt à former un gouvernement avec le M5S, devenu le premier parti du pays avec 32% des voix. Mais tout en réaffirmant que son alliance avec Forza Italia de Silvio Berlusconi devait rester «le point de départ» de ce nouvel exécutif.
Mais Luigi Di Maio, candidat du M5S au poste de chef du gouvernement, se refuse toujours à une telle alliance contre-nature avec le parti pro-Union européenne de Silvio Berlusconi, qui lui semble donc encore plus infréquentable que la Ligue elle-même. Le jeune leader préfère encore proposer «un contrat de gouvernement à l'allemande», allant jusqu'à proposer un accord au Parti démocrate (PD) de centre gauche qui avait formé le gouvernement sortant, excluant les autres formations politiques de ce schéma.
Rompant aussi avec la tradition de refus de toute alliance du M5S, Luigi Di Maio a même annoncé qu'il demanderait à rencontrer Maurizio Martina, secrétaire du Parti démocrate, pour voir «avec lequel il y a davantage d'affinités, de convergence sur les différents thèmes» et si l'un des deux est disposé à suivre le M5S pour «changer» l'Italie.
Mais sa démarche paraît pour le moins délicate : le PD de Matteo Renzi, sorti laminé des élections avec 18% de suffrages, a réaffirmé son intention de rester dans l'opposition, même si une partie de ses membres souhaite l'ouverture d'un dialogue avec le M5S. Que les vainqueurs du scrutin «prennent leurs responsabilités», a déclaré le secrétaire par intérim du parti, Maurizio Martina, façon de botter en touche. Le prochain round de tractations s'annonce serré...
A.K.
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