Italie : eurosceptiques et anti-immigration majoritaires, la coalition de Berlusconi en tête
Selon des résultats partiels, la coalition formée par Forza Italia, dominée en terme de voix par le parti anti-immigration la Ligue, arrive en tête (37%). Le parti antisystème Mouvement 5 étoiles est le premier du pays en terme de voix (32%).
L'éditorialiste du quotidien de centre-droit La Stampa a résumé en ces termes les premiers résultats des élections législatives italiennes du 4 mars : «Pour la première fois en Europe, les forces antisystème l'emportent.»
Le vent en poupe pour les eurosceptiques
Et pour cause, selon des résultats partiels portant sur 90% des bureaux de vote, le mouvement eurosceptique Mouvement 5 étoiles (M5S), emmené par Luigi di Maio, est le premier en terme de voix, avec un score de 32%. Fondé par l'humoriste Beppe Grillo en 2009, la formation, qui revendique la démocratie directe et refuse les coalitions, a connu un succès fulgurant. Elle se distingue notamment par des positions souverainistes et anti-immigration.
Formellement pourtant, c'est la coalition formée par le parti Forza Italia de Silvio Berlusconi, la Ligue et le petit parti Fratelli d'Italia (Frères d'Italie), qui remporte le scrutin avec 37% des voix.
Si l'ancien chef du gouvernement italien, âgé de 81 ans, avait tenté de donner des gages à Bruxelles malgré des positions fortement anti-migrants, c'est bien la Ligue (ex-Ligue du Nord) de Matteo Salvini, plus méfiant vis-à-vis de l'Union européenne mais tout aussi favorable à l'expulsion d'immigrés clandestins, qui dominerait la coalition en terme de voix. Forza Italia réaliserait 14% des voix, contre 18% pour la Ligue. Eurosceptique et anti-immigration, Fratelli d'Italia tournerait lui autour des 4%.
Revers pour Renzi
Le Parti démocrate de Matteo Renzi (centre-gauche, pro-UE), l’ancien président du Conseil italien, déçoit en réalisant un score de 19%. Il s'agit de la moitié du score réalisé aux élections européennes de 2014.
Matteo Renzi avait fait campagne sur le slogan «In cammino», «En marche» en italien, référence assez claire à Emmanuel Macron.
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La fin du décompte des voix doit s'achever vers 8h, le 5 mars. Les résultats définitifs devraient être publiés plus tard dans la journée.
Italy, TG24 lastest seat projection:
— Europe Elects (@EuropeElects) 5 mars 2018
(Senate / Chamber):
M5S-EFDD 115 / 234
LN-ENF 55 / 122
PD-S&D 50 / 105
FI-EPP 53 / 96
Fdl 19 / 33
LEU-S&D/GUE 7 / 15 #elezioni2018#ItalyElection2018pic.twitter.com/N9hZDJNHxz
Un taux de participation en hausse
Les Italiens étaient plus nombreux à aller voter en 2018 qu'en 2013. A 19h le 4 mars, le taux de participation était estimé à 58,42%, contre 46,8% aux précédentes élections de 2013, même si le vote s’était alors déroulé sur deux jours.
Interrogés par Ruptly, l'agence vidéo de RT, des électeurs romains ont livré leur sentiment sur les conditions dans lesquelles se sont déroulées ces élections, les jugeant «compliquées», «incertaines» ou encore «honteuses».
Incertitude pour l'avenir
L'absence de majorité pour la coalition de droite contraint les leaders politiques italiens à des calculs et des tractations, qui s'annoncent longs et complexes.
Une alliance du M5S et de la Ligue, est théoriquement la seule possible pour obtenir une majorité parlementaire, au vu des résultats partiels. Or, les dirigeants de ces deux formations ont jusqu'à présent catégoriquement rejeté cette éventualité.
Il appartiendra donc au président italien Sergio Mattarella de démêler l'écheveau de ces résultats, dans les semaines qui suivent, et de confier un «mandat exploratoire» à celui ou celle qui lui semblera en mesure d'obtenir une majorité devant le Parlement.
Mais ces consultations politiques officielles ne s'ouvriront pas avant la fin du mois au plus tôt, après l'élection des présidents des deux chambres, ouvrant une nouvelle période d'instabilité en Italie, qui pourrait déboucher à terme sur de nouvelles élections.
Lors des élections législatives du 4 mars, les Italiens étaient appelés à élire quelque 315 sénateurs et 630 députés, après la dissolution du Parlement prononcée le 28 décembre dernier, un peu plus d'un an après l'échec retentissant en décembre 2016 du référendum porté par l'alors président du Conseil, le pro-Union européenne (UE) Matteo Renzi.