Des centaines de Ghanéens manifestent contre un accord de défense avec les Etats-Unis (PHOTOS)
- Avec AFP
Une manifestation a réuni des centaines de personnes à Accra, capitale du Ghana, contre un accord signé avec les Etats-Unis. Les opposants mobilisés derrière le mot d'ordre #GhanaFirst dénoncent «une atteinte à la souveraineté» du pays.
Des centaines de personnes ont manifesté ce 28 mars dans les rues d'Accra, au Ghana, pour protester contre un accord de défense controversé conclu avec les Etats-Unis. L'accord, approuvé le 23 mars par le gouvernement du président Nana Akufo-Addo, est vivement critiqué par l'opposition qui dénonce une «atteinte à la souveraineté» du pays.
Les manifestants, dont beaucoup portaient des tee-shirts aux couleurs noires et rouges du principal parti d'opposition, le National Democratic Congress (NDC), brandissaient des pancartes clamant «Akufo-Addo ne doit pas vendre le Ghana» ou encore «Gouvernement incompétent, accord incompétent». Le mot d'ordre de la manifestation #GhanaFirst résonne comme un pied de nez au célèbre slogan de Donald Trump «America First».
Dans un tweet de soutien à la manifestation, l'ancien président John Mahama a déclaré : «Je me joins au mot d'ordre #GhanaFirst, au moment où mes compatriotes et d'autres forces démocratiques convergent pour manifester leur opposition à l'accord militaire entre le Ghana et les Etats-Unis.»
I join in declaring #GhanaFirst as my compatriots and other democratic forces converge to demonstrate their opposition to the Ghana/US military agreement.
— John Dramani Mahama (@JDMahama) 28 mars 2018
Selon un article paru sur le site de RFI, l’Assemblée nationale ghanéenne a ratifié un accord militaire «donnant aux Etats-Unis un accès "sans entrave" à son territoire». Concrètement, poursuit le site de la radio publique française, «les Etats-Unis auront le droit de déployer des soldats et du matériel militaire à leur guise». En contrepartie, «les forces armées du Ghana devraient toucher vingt millions de dollars, notamment pour la formation».
Les Etats-Unis comme le Ghana ont démenti les rumeurs selon lesquelles Washington projetait d'installer des bases militaires dans ce pays d'Afrique de l'Ouest. Elles ne sont pas, selon ces deux gouvernements, prévues par l'accord de défense controversé. L'ambassade des Etats-Unis à Accra a en revanche annoncé la semaine dernière un investissement de 20 millions de dollars (16,3 millions d'euros) pour la formation et l'équipement des forces armées ghanéennes. Des exercices conjoints sont également prévus en 2018, «nécessitant l'accès aux bases ghanéennes des participants américains ainsi que ceux d'autres pays», a-t-elle précisé.
Ce 27 mars, un responsable du NDC, Koku Anyidoho, a été convoqué par la police pour être interrogé après avoir appelé sur une radio locale à «un coup d'Etat civil», selon l'un de ses avocats contacté par l'AFP. Le même jour, le ministre de l'Information, Mustapha Abdul-Hamid, a qualifié ces propos de «trahison» par communiqué.
We have sent a clear message that we are opposed to the establishment of a foreign military base in Ghana. We don’t want our sovereignty compromised. #GhanaFirstpic.twitter.com/T6aPQ88CHZ
— NDC Ghana (@OfficialNDCGh) 28 mars 2018
Ces dernières années, les Etats-Unis ont intensifié leur présence militaire en Afrique dans l’objectif affiché de lutter contre les mouvements djihadistes comme l'Etat islamique (Sahel), Boko Haram (région du lac Tchad) ou Al Shabaab (Somalie).
Le Ghana, grand producteur d'or et de cacao sur le continent, se targue d'être un pôle de stabilité dans une région minée par les rébellions et la corruption.