Les cadavres de 16 migrants ont été repêchés en mer entre le Maroc et l'Espagne
- Avec AFP
Les corps de 16 migrants ont été repêchés le 3 février au large des côtes marocaines, dans le bras de mer qui les sépare de l’Espagne, objet d’une recrudescence des tentatives de traversée depuis le début de l’année.
La Méditerranée, un tombeau pour les migrants ? 16 corps sans vie ont été repêchés le 3 février au large du Maroc. 15 des victimes sont originaires d'Afrique subsaharienne et la seizième est de nationalité marocaine, d'après une source médicale à la morgue de Nador, ville du nord-ouest du Maroc, où se trouvent les corps.
Selon cette source, une autopsie des corps, parmi lesquels figurent ceux de trois femmes, doit être réalisée dans la journée. La préfecture de l'enclave espagnole de Melilla, voisine de Nador, avait auparavant communiqué un bilan de «près d'une vingtaine» de cadavres repêchés en mer par les secours marocains dans leurs eaux territoriales. Selon la préfecture de Melilla, un hélicoptère de la Guardia Civil participait encore le 4 février aux recherches, en appui des patrouilles marocaines.
La découverte de ces derniers corps intervient alors que la route «espagnole» est de plus en plus empruntée par les migrants subsahariens qui tentent d'atteindre l'Europe.
Des migrants qui privilégient la mer
Selon le dernier bilan de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), l'Espagne est devenue le deuxième point d'entrée des migrants dans l'UE avec 1 279 arrivées par mer depuis le début de l'année, après l'Italie (4 256).
Depuis le début de l'année, 243 personnes ont disparu ou péri en mer Méditerranée, selon l'OIM, un chiffre qui ne comprend pas le groupe découvert le 3 février.
L'Espagne est même devenue en 2017 la troisième porte d'entrée en Europe pour les migrants, via la Méditerranée, après l'Italie et la Grèce.
L'année dernière, les arrivées par mer ont ainsi triplé par rapport à 2016, atteignant un total de 22 900 migrants, selon Frontex, l'organisme européen de surveillance des frontières. Plus de 200 migrants sont morts ou ont disparu pendant la traversée.
Selon Omar Naji, un responsable de l'Association marocaine des droits de l'Homme (AMDH) à Nador, «les migrants étaient auparavant plus nombreux à tenter d’escalader la haute barrière de Melilla» pour se rendre dans l'enclave espagnole.
Mais en raison d'un «renforcement du dispositif de contrôle de cette barrière, la seule possibilité pour les migrants est de passer par la mer», estime-t-il.
«Cette filière migratoire est gérée par des trafiquants [qui] demandent à chaque candidat de payer 3 000 euros», a-t-il ajouté, assurant que ce trafic se faisait «sous les yeux des autorités».
Le président de l'association Grand rif des droits de l'Homme, Saïd Chramti, joint par l'AFP, a pour sa part fustigé des «mafias de l'immigration clandestine qui transportent les migrants dans des barques de la mort». Ce sont eux les «responsables de ces drames humains».
«En serrant la vis à l'immigration, l'Europe a aussi sa part de responsabilité, au même titre que le Maroc qui a échoué à lutter contre les réseaux migratoires clandestins via ses eaux», a aussi estimé cet acteur associatif.
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