Nouvelle marche contre Joseph Kabila réprimée à Kinshasa, au moins cinq morts selon l'ONU (IMAGES)
Une nouvelle marche organisée contre le maintien au pouvoir de Joseph Kabila a été réprimée le 21 janvier. Selon un bilan provisoire de l'ONU, au moins cinq personnes ont péri dans des affrontements avec les policiers dans la capitale Kinshasa.
La situation sécuritaire demeure délétère en République démocratique du Congo (RDC). A l’aide de tirs à balles réelles et de gaz lacrymogènes le 21 janvier à Kinshasa, les forces de l’ordre ont une nouvelle fois réprimé une marche de protestation, contre le président Joseph Kabila, organisée par un collectif laïc proche de l’église catholique. Le président est accusé de vouloir s’accrocher au pouvoir à tout prix.
Pour l'heure aucun bilan officiel n'a été communiqué par les autorités congolaises mais selon la porte-parole de la Mission des Nations unies au Congo (Monusco), au moins cinq morts sont à déplorer à Kinshasa et 33 blessés dans l'ensemble du pays. Elle a en outre ajouté que 69 personnes avaient été arrêtées dans plusieurs villes où des troubles se sont déroulés.
La veille au soir, les autorités congolaises ont décidé de suspendre internet dans plusieurs grandes villes du pays, où un important dispositif sécuritaire a été déployé afin de dissuader les manifestants de battre le pavé.
Le dialogue politique au point mort
L'instabilité dans laquelle le pays est plongé actuellement trouve son origine dans le blocage de la situation politique. Le 17 janvier 2015, l'Assemblée nationale congolaise avait adopté un projet de loi électorale ouvrant la voie à un report de l’élection présidentielle et à la prolongation du dernier mandat du président congolais dont l’échéance était prévue à la fin 2016. Pour justifier cette réforme, la majorité présidentielle avait expliqué que l’organisation de l’élection présidentielle dans les délais constitutionnels était quasiment impossible au regard des problèmes financiers et sécuritaires que rencontrait le pays.
Après la tenue, dans plusieurs villes du pays, de rassemblements qui ont souvent tourné à l’émeute, le Parlement a décidé, le 25 janvier 2015, de retirer du projet l’article permettant de prolonger le mandat du président. Une décision qui n’est pas parvenue à dissiper les craintes de l’opposition. Le 11 mai 2016, la Cour constitutionnelle a finalement tranché l’épineuse question de la durée du mandat, en autorisant Joseph Kabila à rester au pouvoir au-delà du terme de son mandat en l'absence d’élection présidentielle.
Malgré la détérioration du climat politique et sécuritaire, une médiation organisée le 31 décembre 2016 par la Conférence épiscopale nationale de la République démocratique du Congo (Cenco) avait amené le pouvoir et une grande partie de l’opposition à signer un accord dit de la Saint-Sylvestre. Ce dernier prévoyait, entre autres, l’organisation de l’élection présidentielle avant le 31 décembre 2017. Mais coup de théâtre, deux mois avant cette date butoir, la Commission électorale nationale indépendante (Céni) a douché les espoirs des opposants en déclarant qu’elle n’avait pas encore bouclé les opérations d’enregistrement des électeurs dans le fichier électoral repoussant de facto, l'élection présidentielle en 2019.
Depuis, le pays continue de subir des vagues de contestations, concentrées principalement à Kinshasa et dans d'autres grandes villes congolaises. Le 31 décembre dernier, sept morts et une dizaine de blessés avaient été recensés dans la capitale et dans la région du Kasaï (centre), après la répression par les forces de l’ordre de marches organisées par des fidèles catholiques contre Joseph Kabila.