Angleterre : les franc-maçons en ont assez d'être «ouvertement discriminés»
L'ex-chef de la Fédération de Police d'Angleterre et du Pays de Galles accuse la franc-maçonnerie de fonctionner comme une coterie au sein des forces de l'ordre. Un responsable de l'organisation a dénoncé, en retour, une forme de discrimination.
Les francs-maçons sont remontés en Angleterre. Cloués au pilori par le dirigeant démissionnaire de la Fédération de Police d'Angleterre et du Pays de Galles, qui leur reproche de favoriser les leurs au sein de la police et de bloquer certaines réformes internes, ceux-ci n'ont pas tardé à répondre.
Il est dommage que les francs-maçons soient aujourd'hui ouvertement discriminés et que trop de nos membres ressentent dès lors le besoin de garder leur appartenance à une loge pour eux-mêmes
David Staples, responsable de la Grande Loge unie d'Angleterre, a ainsi envoyé une lettre ouverte à plusieurs journaux britannique – dont le Guardian, qui l'a pubiée le 4 janvier –, afin de dénoncer le traitement réservé aux francs-maçons. «Il est dommage que les francs-maçons soient aujourd'hui ouvertement discriminés et que trop de nos membres ressentent dès lors le besoin de garder leur appartenance à une loge pour eux-mêmes», dénonce-t-il de prime abord.
Dans son courrier, David Staples juge en outre «risible» l'idée qu'un corps organisé de francs-maçons puisse contrecarrer la mise en place de réformes au sein des forces de police ou ailleurs, soutenant que l'organisation est «non politique, non-religieuse» et «valorise par dessus tout l'intégrité et le respect de la loi». Pour étayer ces propos, il rappelle que la Cour européenne des droit de l'homme a jugé en 2001, puis en 2007, que la franc-maçonnerie n'était ni une organisation secrète, ni une organisation illégale. «Il n'y a absolument aucune raison pour que des agents de police, ou toute personne venant de n'importe quel autre milieu, ne soient pas francs-maçons et nous soulignons partager [avec la police] des valeurs organisationnelles d'intégrité et de service à la communauté», fait-il en outre valoir.
L'ex-responsable de la Fédération de Police d'Angleterre et du Pays de Galles accuse
Ces justifications font écho aux accusations portées par Steve White, leader de la Fédération de Police d'Angleterre et du Pays de Galles, qui a démissionné fin décembre. Dans le Guardian du 31 décembre, il assénait : «Il y a des gens qui ont le sentiment qu'être franc-maçon et policier n'est pas forcément une bonne idée», déclare-t-il, sous-entendant qu'appartenir à la fois à la franc-maçonnerie et à la police pourrait exposer à des situations délicates, où l'allégeance à l'une et à l'autre de ces institutions pourrait entraîner des conflits. Et de poursuivre, suggestif : «Je trouve étrange qu'il y ait des sections de l'organisation [la police] où un nombre significatif de responsables sont franc-maçons.»
Steve White laisse en outre entendre que l'influence franc-maçonne au sein de la police entraverait la mise en place de réformes internes, notamment en matière d'opportunités pour les femmes et pour les personnes issues des minorités.