Frappé par des sanctions américaines, Kadyrov se dit «fier de ne pas convenir» à Washington
Washington a imposé des sanctions à l'encontre de Ramzan Kadyrov, l'accusant de violations des droits de l'homme. Le dirigeant tchétchène brocarde en retour les Etats-Unis, invoquant son passé esclavagiste et ses interventions au Vietnam ou en Irak.
Les Etats-Unis ont imposé le 20 novembre des sanctions contre Ramzan Kadyrov. Ils accusent le président tchétchène, d'être personnellement impliqué dans de graves violations des droits de l'Homme. Loin d'être impressionné, Ramzan Kadyrov ironise sur son compte Instagram : «Je peux être fier de ne pas convenir aux services spéciaux américains.»
Ramzan Kadyrov a été inscrit sur les listes noires du Trésor et du département d'Etat américains, notamment pour des accusations d'exécutions extrajudiciaires, de torture ou de disparitions. Le leader s'en moque. «D'illustres Américains viennent systématiquement me rendre visite, et certains envisagent de s'installer en Tchétchénie», note en effet avec assurance Ramzan Kadyrov.
En outre, le dirigeant tchétchène retourne les accusations : «[Les Etats-Unis] disent que les sanctions sont en quelque sorte liées aux droits de l'homme. Eh bien alors, pourquoi chercher pour cette liste des personnes à l'autre bout du monde, si elles sont à la Maison Blanche et au Pentagone ? Vous avez oublié les Amérindiens assassinés, les millions d'esclaves africains, les victimes d'Hiroshima et de Nagasaki, les millions de villageois vietnamiens [comme le massacre] de My Lai, l'Afghanistan, l'Irak, la Libye, Belgrade... Ma liste contient des milliers de sanglantes affaires américaines.»
Un responsable de la sécurité en Tchétchénie, Ayub Kataev, est également sanctionné, sur la base d'accusations de meurtres et de disparitions mais aussi pour son implication présumée dans des exactions contre les homosexuels, cette année, dans cette république du Caucase russe.
Le 1er avril, le journal russe d’opposition Novaïa Gazeta avait publié un article rapportant des témoignages anonymes d'homosexuels, qui disaient s’être échappés de «camps pour homosexuels» en Tchétchénie. Selon ceux-ci, une centaine de personnes auraient ainsi été torturées dans des «prisons secrètes».
La déléguée des droits de l'homme de la Douma, Tatiana Moskalkova, avait mis en doute les témoignages en déclarant, à l’époque : «Je suspecte qu’il s’agisse d’une provocation et de fausses déclarations.» Ramzan Kadyrov, dirigeant de la république tchétchène, avait d'ailleurs déclaré que les autorités et la police locales étaient disposées à coopérer.
Accusations de répression des homosexuels en #Tchetchenie : une indignation sélective de l'Occident ? https://t.co/0nfxhB39Copic.twitter.com/8Jh247Q9Cp
— RT France (@RTenfrancais) April 13, 2017
A travers cette nouvelle salve de sanctions, les Etats-Unis accusent donc officiellement au moins un responsable tchétchène d'implication dans des exactions commises à l'encontre d'homosexuels. En avril dernier, le porte-parole du Département d'Etat américain déclarait, dans un communiqué officiel : «Les États-Unis sont de plus en plus inquiets concernant la situation dans la République de Tchétchénie, où des informations crédibles indiquent qu'au moins cent hommes ont été détenus sur la base de leur orientation sexuelle.»
Le Magnitsky Act, une loi américaine qui vise des responsables russes
Ces nouvelles sanctions américaines, qui visent également d'autres responsables russes, ne devraient pas manquer de contrarier Moscou, et confirment la difficulté d'un rapprochement entre les Etats-Unis et la Russie, pourtant voulu par Donald Trump avant l'arrivée de ce dernier à la Maison Blanche il y a près d'un an.
Elles ont toutes été prises dans le cadre du Magnitsky Act : cette loi américaine de 2012, permet de geler les éventuels biens et intérêts aux Etats-Unis de responsables russes interdits d'entrer sur le sol américain parce que coupables, selon Washington, de graves violations des droits de l'homme.