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«Des milliers de vies sur la conscience» : des célébrités interpellent Macron et Trump sur le Yémen

Plus de 360 personnalités internationales appellent à la paix au Yémen pour endiguer l'une des plus graves crises humanitaires au monde en lançant la campagne #YemenCantWait. Toutes les dix minutes, un enfant y meurt de faim ou de maladie.

S’émouvant des ravages du conflit armé au Yémen durant depuis 1 000 jours, plus de 360 célébrités ont lancé un appel à Theresa May, Emmanuel Macron et Donald Trump pour obtenir un cessez-le-feu immédiat dans le pays. Elles se réunissent sous la bannière d’un hashtag #Yemencantwait et ont fait paraître une tribune rédigée en français, anglais, et arabe, publiée en France le 18 décembre dans le quotidien Le Monde.

Toutes les dix minutes, un enfant meurt de faim ou de maladie au Yémen

L’enlisement du conflit au Yémen, où la faction rebelle chiite houthie est attaquée par une coalition militaire menée par l’Arabie saoudite, a créé la crise humanitaire la plus grave au monde. «Le pays est aujourd’hui au bord d’une famine historique, ravagé par des maladies habituellement contenues. Toutes les dix minutes, un enfant y meurt de faim ou de maladie», appuie le texte. Les signataires attirent l'attention sur le lourd tribut payé par les civils.

Parmi les signataires de cette campagne internationale, on retrouve de grands noms issus des milieux de la culture, des affaires, des ONG : Tawakkol Karman, journaliste et prix Nobel de la paix 2011, Mercedes Erra, la présidente d’Havas Worlwide, le musicien Peter Gabriel, l’actrice Juliette Binoche, Abby Maxman, présidente d’Oxfam America ... Nombre d'entre eux ont tweeté leur appel à l'action, comme Peter Gabriel : «Le Yémen a besoin de nourriture, de médicaments, d'essence et d'un cessez-le-feu. S'il vous plait agissez maintenant.» 

Les principales ONG, comme Care France, leur ont emboîté le pas. «Il est vital d’œuvrer à un cessez-le-feu immédiat, à la levée des blocages, à l’acheminement de nourriture, de carburant et de fournitures médicales et à la mise en place d’un processus de paix inclusif», tweete-t-elle.

Les signataires fustigent le blocus imposé par l’Arabie saoudite et les Emirats après l’interception à Riyad d'un missile attribué aux Houthis le 4 novembre. «Il a empêché l’acheminement de nourriture, de médicaments et de carburant, conduit à la fermeture d’hôpitaux et privé d’eau potable des villes entières», explique le texte.

Nous appelons Emmanuel Macron, Theresa May et Donald Trump, à prendre des mesures urgentes

Ils s’adressent à la France, aux Etats-Unis, et au Royaume-Uni «en tant que membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU et principaux fournisseurs d'armes de l’Arabie Saoudite et des Emirats arabes Unis».

Emmanuel Macron n'a pas été cité par hasard : en février 2015, moins d'un mois avant la création de la coalition contre les houthis, il s'était fait l'avocat à l'Assemblée de la vente d'armes par la France à l'Arabie saoudite contre l'avis des Allemands, restrictifs dans ce domaine.

«Au lieu d'attiser les flammes d'une guerre qui étrangle toute une population [...] ils pourraient être les artisans de la paix», estiment les signataires. La Cour suprême de Londres avait en effet jugé le 10 juillet que les ventes d'armes de la Grande-Bretagne à l'Arabie saoudite étaient «légales», suite à un contrôle judiciaire réclamé par l'organisation Campaign Against the Arms Trade (CAAT).

«Nous appelons Emmanuel Macron, Theresa May et Donald Trump, à prendre des mesures urgentes au Conseil de sécurité de l'ONU pour y parvenir. [...] si vous ne voulez pas avoir d’autres milliers de vies d’enfants yéménites sur la conscience, il est temps d'agir maintenant. Le Yémen ne peut plus attendre», concluent les signataires.

Une situation catastrophique pour les civils

Au Yémen, le nombre de personnes en détresse humanitaire est de 21 millions selon les chiffres avancés en novembre 2017 par le représentant de la Suède à l’ONU, Carl Skau. L'ONU estime à deux millions le nombre d'enfants souffrirant de malnutrition aiguë et le conflit aurait déjà fait 10 000 morts et 45 000 blessés. Un million d'enfants seraient menacés par le choléra, selon l'ONG Save The Children.

Le conflit qui secoue le Yémen oppose depuis 2014 les rebelles chiites houthis, initialement proches de l'ancien président Ali Abdallah Saleh (qu'ils ont fini par tuer le 4 décembre 2017 après un retournement d'alliance de celui-ci), aux partisans d'Abd Rabbo Mansour Hadi, le président du pays, qui vit en exil en Arabie saoudite depuis 2015.

Une coalition de pays arabes dirigée par l'Arabie saoudite, depuis mars 2015, intervient militairement dans le conflit afin de rétablir Abd Rabbo Mansour Hadi dans ses fonctions. Les ONG humanitaires dénoncent depuis ses débuts le caractère meurtrier et aveugle des frappes réalisées par cette coalition.

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