Nouvelles élections en Allemagne ? Les avis du président et d'Angela Merkel divergent
Après l'échec des négociations pour former un gouvernement, Frank-Walter Steinmeier met en garde contre la tenue d'un nouveau scrutin. La chancelière, qui a pourtant à perdre, préfère solliciter les électeurs une nouvelle fois.
La victoire en demi-teinte d'Angela Merkel lors des législatives allemandes de septembre dernier est lourde de conséquences. Après l’échec des pourparlers entre l'Union chrétienne-démocrate (CDU) de la chancelière, le Parti libéral (FDP) et les Verts en vue de former un nouveau gouvernement de coalition, le président allemand, Frank-Walter Steinmeier, a estimé le 20 novembre que l’Allemagne faisait face à une situation sans précédent. Mais, pour autant, le chef de l'Etat a mis en garde contre la tenue de nouvelles élections législatives, insistant sur la responsabilité incombant aux partis pour tenter de former un nouveau gouvernement dans un avenir proche.
L'#Allemagne en crise : vers de nouvelles élections et une probable démission d'Angela #Merkel
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«J'attends de tous [les partis] qu'ils soient disponibles pour le dialogue afin de rendre possible, dans un délai raisonnable, la formation d'un gouvernement», a-t-il déclaré au cours d’une allocution télévisée. Frank-Walter Steinmeier s'est en outre engagé à tenir des discussions avec les dirigeants des partis qui ont remporté les législatives de septembre, qu'il veut voir revenir à la table de négociations.
Si ce n'est son prestige et son autorité de président, que Frank-Walter Steinmeier pourra-t-il faire de plus que la chancelière Angela Merkel ? Les pourparlers se sont en effet achevés sur un désaccord et l’impossibilité de former une nouvelle coalition susceptible de gouverner le pays. Le Freie Demokratische Partei (FDP, le parti libéral-démocrate) s’était retiré d’un marathon de discussions un peu avant minuit, le 19 novembre. Son leader, Christian Lindner, avait estimé qu’il n’y avait pas «de base de confiance» entre son parti, le Christlich Demokratische Union Deutschlands (CDU, centre droit) d’Angela Merkel et les Verts. Il a déclaré qu’il valait mieux «ne pas gouverner que mal le faire».
Selon le négociateur du FDP, Joachim Stamp, cet échec s’explique par l’absence volonté de trouver des compromis au sein des autres partis sur des questions clés comme celles de la réductions des impôts et des dépenses administratives, de même que sur les questions d’éducation. Le Parti social-démocrate (SPD), qui s'était allié à la CDU lors de la législature précédente, avait fait savoir pour sa part qu’il ne participerait à aucune coalition. Le 20 novembre, son chef, Martin Schulz, a confirmé cette décision.
Angela Merkel sur la corde raide
Pour son quatrième mandat de chancelière depuis novembre 2005, Angela Merkel se retrouve dans la situation la plus délicate qu'elle ait jamais connue politiquement. Son parti, la CDU, n'a jamais été aussi faible depuis 1949, année de la fondation de la République fédérale allemande. Autre première depuis la Seconde Guerre mondiale, le pays ne parvient pas à trouver une coalition pour gouverner.
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Aussi, face à l'impossibilité de constituer une coalition dite «jamaïcaine» (en référence aux couleurs des trois partis rappelant le drapeau de la Jamaïque), Angela Merkel a dû revoir ce même 20 novembre son positionnement. Le 6 novembre dernier, la chancelière, sans doute pour mettre la pression sur les deux autres partis, se prononçait contre la tenue de nouvelles élections législatives. Mais, ce 20 novembre, elle a déclaré à la télévision allemande ARD qu'elle ne voulait pas être chancelière dans un gouvernement de minorité : «Mon point de vue est que de nouvelles élections [législatives] seraient une meilleure solution.»
📝#Opinion : «Pour les dirigeants européens, le film d’horreur reprend…» (Analyse de @Ruptures_fr)
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Plombée notamment par sa gestion de la crise migratoire en 2015, Angela Merkel se retrouve donc dans une situation des plus délicates. Comme semble le craindre le président allemand Frank-Walter Steinmeier, de nouvelles élections législatives pourraient donner l'occasion au parti souverainiste anti-immigration Alternative pour l'Allemagne (AfD) de surfer sur sa dynamique actuelle : il avait obtenu 13% des suffrages le 24 septembre dernier.