La crise des Rohingyas a-t-elle poussé Oxford à retirer un portrait d'Aung San Suu Kyi ?
- Avec AFP
La prestigieuse université britannique d'Oxford a décidé de retirer de ses murs un portrait de la dirigeante birmane Aung San Suu Kyi, ancienne étudiante de l'établissement, dont le pays est accusé par l'ONU de se livrer à une épuration ethnique.
«Nous avons reçu au début du mois de septembre un nouveau tableau que nous avons décidé d'exposer. Le tableau d'Aung San Suu Kyi a quant à lui été mis en lieu sûr», a déclaré dans un communiqué l'université d'Oxford, au Royaume-Uni, refusant de lier cette décision à la situation actuelle en Birmanie.
Le portrait d'Aung San Suu Kyi avait été peint en 1997 par l'artiste chinois Chen Yanning. Il est remplacé par un tableau du peintre japonais Yoshihiro Takada intitulé Morning Glory.
Aung San Suu Kyi avait étudié entre 1964 et 1967 la politique, l'économie et la philosophie au sein de la prestigieuse université britannique. Récompensée par le prix Nobel de la paix en 1991 pour sa résistance pro-démocratique face à la junte militaire birmane, la «Dame de Rangoun» avait, en 2012, reçu un doctorat honoris causa en droit de la part d'Oxford.
Actuellement conseillère spéciale de l'Etat birman (de facto dirigeante du pays), Aung San Suu Kyi est sous le feu de critiques internationales : il lui est reproché de fermer les yeux, voire d'encourager les persécutions de l'armée birmane envers les Rohingyas.
Les Rohingyas constituent une minorité musulmane dont les membres sont traités comme des étrangers en Birmanie, un pays à plus de 90% bouddhiste. Victimes de discriminations, ils ne peuvent ni voyager ni se marier sans autorisation, et n'ont accès ni au marché du travail ni aux services publics comme les écoles et les hôpitaux.
L'ONU considère que l'armée birmane et les milices bouddhistes se livrent à une épuration ethnique contre cette communauté musulmane dans l'Etat Rakhine, région historiquement troublée.