Recul de la liberté d'expression ? Harvard renonce à faire de Chelsea Manning un «professeur invité»

- Avec AFP

Recul de la liberté d'expression ? Harvard renonce à faire de Chelsea Manning un «professeur invit黩 Handout Source: Reuters
Chelsea Manning en 2013.
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La prestigieuse université américaine est revenue sur l'invitation faite à l'ex-militaire Chelsea Manning de venir s'exprimer dans ses murs en tant que «professeur invité», rouvrant le débat autour de la liberté d'expression sur les campus.

La célèbre faculté américaine de Harvard a renoncé le 15 septembre à inviter l'ex-informatrice de WikiLeaks, Chelsea Manning, condamnée pour trahison en 2010 et libérée en mai dernier, à venir parler devant ses étudiants au titre de «visiting fellow» («professeur invité»). 

Aussitôt après l'annonce de l'invitation, le 12 septembre, la controverse avait enflé, opposant ceux qui voient en Chelsea Manning une figure héroïque à ceux la percevant comme un traître à la patrie. La polémique a enflé dans un contexte politique extrêmement aux Etats-Unis, où les campus se voient souvent reprocher de favoriser les idées et personnalités de gauche, voire de gauche radicale.

Le 14 septembre, le directeur de la CIA, Mike Pompeo, lui-même diplômé de Harvard, avait finalement annoncé qu'il renonçait à prononcer un discours sur le plus célèbre des campus de Boston, en raison de l'invitation de l'invitation adressée à Chelsea Manning.

«Chelsea Manning a trahi son pays et a été condamnée pour 17 chefs d'accusation pour avoir passé des informations secrètes à WikiLeaks [...] Elle est opposée à toutes les valeurs des hommes et femmes courageux aux côtés desquels je sers», a-t-il déclaré dans un communiqué.

Mike Pompeo a néanmoins souligné que ses objections n'avaient rien à voir avec le fait que Chelsea Manning soit une personne transgenre, alors que Donald Trump a annoncé récemment vouloir interdire les recrues transgenres dans l'armée.

Un ancien vice-directeur de la CIA, Mike Morrell, a par ailleurs fait savoir qu'il renonçait au titre honorifique de «senior fellow» qui lui avait été récemment conféré par Harvard, jugeant «honteux» qu'une université aussi prestigieuse apporte une «caution officielle» aux actions de l'ex-militaire.

Devant ce tollé, le doyen de la faculté, Douglas Elmendorf, a préféré reculer. «Conférer le titre de professeur invitée à Chelsea Manning était une erreur, dont j'assume la responsabilité», a-t-il déclaré dans une lettre postée sur le site de l'université, le 15 septembre.

«Je comprends que beaucoup voient ce titre comme honorifique. Nous le retirons donc, mais maintenons notre invitation à Chelsea Manning à venir passer une journée à la Kennedy School et à parler au forum de cette école», a-t-il précisé.

Harvard fait-elle «taire des voix marginales sous la pression de la CIA» ?

Chelsea Manning a réagi par une série de tweets, se disant «honorée d'être désinvitée» tout en déplorant que l'université fasse «taire des voix marginales sous la pression de la CIA».

Elle a aussi fait remarquer que, parmi la dizaine d'autres «visiting fellows», invités par Harvard cette saison, figuraient d'anciens membres de l'administration Trump, comme l'ex-porte-parole de la Maison Blanche, Sean Spicer, ou l'ex-directeur de campagne du 45e président des Etats-Unis, Corey Lewandowski... Invitations qui, en revanche, n'ont pas été retirées.

Vives tensions autour du thème de la liberté d'expression sur les campus

Alors que l'année universitaire vient de reprendre, cette polémique pourrait augurer de nouvelles batailles autour de la liberté d'expression sur les campus américains.

Pendant l'année scolaire 2016-2017, des manifestations violentes avaient éclaté à Berkeley, université californienne très marquée à gauche, pour empêcher des interventions de polémistes très marqués à droite comme Milo Yiannopoulos ou Ann Coulter. D'autres universités avaient ensuite annulé les interventions de personnalités controversées. Ces annulations ont été condamnées par les médias conservateurs comme autant d'atteintes à la liberté d'expression.

En 2010, le soldat Manning, alors prénommé Bradley, avait fait fuiter via WikiLeaks plus de 700 000 documents confidentiels ayant trait aux guerres d'Irak et d'Afghanistan, dont plus de 250 000 câbles diplomatiques qui avaient plongé les Etats-Unis dans l'embarras.

Chelsea Manning, née Bradley Manning, a été condamnée en août 2013 à 35 ans de prison pour avoir transmis plus de 700 000 documents classés secret défense à l'organisation WikiLeaks. Elle avait vu sa peine de prison commuée par Barack Obama à la fin de son mandat, et avait ainsi pu être libérée en mai dernier.

Lire aussi : Chelsea Manning trolle Trump après sa décision d'interdire aux transgenres de servir dans l'armée

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