Au moins 60 terroristes affiliés à Daesh et Fatah al-Cham sont entrés en Allemagne comme réfugiés
Dans un contexte de menace terroriste d'ampleur en Europe, un rapport des services de renseignement allemands révèle que plusieurs douzaines de djihadistes responsables de multiples exactions en Syrie se sont vu accorder l'asile dans le pays.
D'après un rapport du Service intérieur de renseignement allemand, pas moins de 60 djihadistes syriens, responsables de plusieurs massacres de civils en Syrie et liés aux groupes terroristes Etat islamique et Fatah al-Cham (ex-Front al-Nosra, ancienne branche d'Al-Qaïda en Syrie), ont rejoint l'Allemagne en se faisant passer pour des réfugiés, selon Der Spiegel daté du 2 septembre.
L'hebdomadaire allemand explique que ces djihadistes ont fait partie d'un groupe de combattants se faisant appeler «Liwa Owais al-Korani» ou brigade «Owais al-Korani». Initialement, cette brigade combattait au côté de l'Armée syrienne libre (ASL, un rassemblement de groupes rebelles armé par les Etats-Unis), mais elle a rejoint par la suite les rangs du Front Al-Nosra (deuxième groupe djihadiste après Daesh), selon le rapport cité par Der Spiegel. Ces extrémistes ont également bataillé dans la province de Raqqa pendant plusieurs mois au côté des membres de Daesh, selon le rapport.
30 djihadistes toujours dans la nature
Certains anciens combattants de la brigade «Owais al-Korani», arrêtés, ont été accusés de crimes de guerre et vont être jugés fin septembre par la justice allemande. Parmi eux, Abdul Dschawad al-K., qui aurait non seulement participé à des massacres de civils et de soldats en Syrie, mais aurait également planifié une attaque terroriste à Dusseldorf (ouest de l'Allemagne) pour le compte de l'Etat islamique.
En outre, quelque 30 membres de la brigade ayant réussi à atteindre le sol allemand seraient toujours en liberté.
D'après Der Spiegel, les services de sécurité allemands auraient découvert l'identité de ces djihadistes... par pur hasard. Lors de son entretien pour obtenir le statut de réfugié, un ex-membre de «Liwa al-Korani», aurait avoué avoir combattu pour le groupe terroriste.
En outre, d'autres terroristes de cette même brigade auraient été reconnus par les proches de leurs victimes, eux aussi arrivées en Allemagne en tant que réfugiés.
Une exploitation des flux migratoires par les djihadistes déjà soulignée par Angela Merkel
La politique migratoire allemande dite de la «porte ouverte», impulsée par la chancelière Angela Merkel en 2015, a conduit à l'entrée sur le territoire allemand d'environ un million de réfugiés cette année-là.
La patronne du gouvernement allemand, parmi les plus favorables en Europe à une politique d’accueil des demandeurs d'asile, avait néanmoins admis à l'été 2016 que des terroristes parvenaient à pénétrer sur le territoire allemand en se faisant passer pour des réfugiés.
Angela #Merkel reconnaît que des terroristes profitent des flux de migrants pour s'y mêler https://t.co/mfdAhZRCcbpic.twitter.com/DP8YYQug6l
— RT France (@RTenfrancais) 12 juillet 2016
Le responsable adjoint des services secrets de Bavière, Manfred Hauser, avait averti peu de temps après, en août 2016, qu'une «équipe de frappe» liée à Daesh avait pu entrer en Allemagne via les flux de migrants.
Le pays a d'ailleurs été confronté à une vague d'attaques durant l'été 2016, dont certaines ont été commises par des demandeurs d'asile. En outre, en décembre dernier, l'attentat au camion-bélier sur un marché de Noël de Berlin, qui a fait 12 morts, avait été commis par un demandeur d'asile tunisien. Autant d'événements ayant encouragé Angela Merkel à durcir son discours et sa politique en matière migratoire.
Selon le rapport annuel du Service de renseignement intérieur allemand consacré aux menaces pesant sur la sûreté de l'Etat, publié en juillet 2017, pas moins de 24 400 islamistes résideraient en Allemagne, dont parmi eux environ 10 000 salafistes, adeptes d'un islam sunnite ultra-rigoriste.
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