Donald Trump se sépare de Steve Bannon, l'homme qui l'a aidé à conquérir l'«Alt-right» américaine
Le protagoniste majeur de la stratégie de campagne présidentielle atypique de Donald Trump et pilier de l'«Alt-right» («droite alternative») américaine, Steve Bannon, va quitter son poste de conseiller auprès du président des Etats-Unis.
La porte-parole de la Maison Blanche Sarah Huckabee Sanders a annoncé le 18 août que le conseiller du président des Etats-Unis Steve Bannon quittait son poste. Sa vision atypique combinant conservatisme, populisme, détestation de l'establishment et goût pour la provocation avait aidé le candidat républicain puis président à séduire un large public, notamment sur internet auprès de l'«Alt-right» («droite alternative») américaine.
Cet ancien cadre de Goldman Sach, fondateur et ancien PDG du site d'information Breitbart News, était un des membres les plus controversés de l'équipe de Donald Trump. Il rassemblait contre lui non seulement les critiques d'une partie des adversaires du président, mais aussi celles de nombre de cadres de l'administration et d'élus républicains, exaspérés par son positionnement et son attitude, qui tranchent avec les usages traditionnels de la droite américaine. Il a notamment déclaré que son rejet de l'establishment lui était venu après avoir réalisé que George W. Bush – président républicain – avait mis «autant de bordel [aux Etats-Unis] que [Jimmy] Carter [président démocrate]».
Les médias ici sont le parti d'opposition. Ils ne comprennent pas ce pays
Relativement discret après sa nomination au poste de conseiller à la Maison Blanche, il avait néanmoins pris la parole pour dénoncer avec virulence la presse, jugeant, dans un entretien au New York Times, que celle-ci devrait se sentir «humiliée» et se taire. «Les médias ici sont le parti de l'opposition. Ils ne comprennent pas ce pays», avait-il notamment déclaré.
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Au cours d'une conférence de presse le 15 août dans le hall de la Trump Tower de New York, le président américain avait déjà laissé entendre que Steve Bannon était en mauvaise posture, tout en ayant l'air de louer ses qualités.
«J'aime bien [Steve] Bannon, c'est un ami [...] C'est quelqu'un de bien, pas un raciste», avait expliqué Donald Trump, en précisant qu'il avait rejoint tardivement son équipe. «Nous verrons ce qui arrivera à [Steve] Bannon», avait-il poursuivi. Certains articles parus dans la presse laissaient entendre, sans que cela ait été prouvé, que le conseiller du président organisait des fuites d'informations pour nuire à ses rivaux à la Maison Blanche, ce qui aurait particulièrement déplu au chef d'Etat.
Du côté de l'opposition, la nouvelle a été saluée par Nancy Pelosi, chef de file des démocrates à la Chambre des représentants : «Le licenciement de Steve Bannon est le bienvenu, mais il ne peut cacher le positionnement du président Trump lui-même sur les suprémacistes blancs et l'intolérance qu'ils prônent.»
#Charlottesville : pour #Trump, les torts étaient «des deux côtés» https://t.co/PxHA04e9oqpic.twitter.com/2KPs2yDif2
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Ce limogeage est survenu sur fond de polémique, après que le président a renvoyé dos à dos, lors d'une conférence de presse le 15 août, les violences commises à Charlottesville par les militants d'extrême droite et celles commises par des activistes d'extrême gauche (qu'il a désignés par le néologisme «Alt-left», en opposition au terme «Alt-right»). Il a également affirmé qu'il y avait aussi des personnes respectables dans les deux camps, qui se sont opposées lors de la mobilisation «Unite the right» en Virginie, contre le déboulonnage d'une statue d'un général conféré de la guerre de Sécession. Ce jour-là, le conducteur d'une voiture avait chargé des contre-manifestants anti-extrême droite, provoquant la mort d'une jeune femme.
Cette polémique à peine éteinte a été suivie par une autre, provoquée par les déclarations du président le 17 août sur Twitter, lorsque ce dernier s'était déclaré «attristé» par le retrait de nombreuses statues honorant les confédérés dans des villes du sud des Etats-Unis.