La Constituante du Venezuela fait ses débuts dans un contexte national et diplomatique tendu
Au lendemain de son inauguration, la toute nouvelle Assemblée constituante vénézuélienne, qui a pour mission de réécrire la Constitution, s'est mise au travail. L'opposition reste farouchement opposée à l'installation de cette assemblée.
«Je promets de défendre la patrie de toute agression ou menace» : c'est sur ces mots que la présidente de l'Assemblée constituante du Venezuela, Delcy Rodriguez, a entamé son discours du 5 août. En dépit de nombreuses critiques émanant de différents pays et du rejet de l'opposition, le président Nicolas Maduro assure que cette assemblée, chargée de réécrire la Constitution de 1999 promulguée par le défunt Hugo Chavez, apportera «la paix» et redressera l'économie de cette nation pétrolière.
«Nous avons la Constituante, et avec la Constituante nous parviendrons à la vérité et à la justice», a martelé le chef d'Etat. Des propos qui contrastent avec ceux de l'opposition, qui accuse le dirigeant bolivarien de vouloir accroître ses pouvoirs et prolonger son mandat, qui doit prendre fin en 2019.
La veille, pendant l'inauguration de l'Assemblée, l'opposition avait défilé dans la rue. Quelques affrontements entre manifestants et forces de l'ordre avaient eu lieu. Le cortège de centaines de personnes avait été dispersé au moyen de gaz lacrymogènes, et n'avait pas pu atteindre le centre de la capitale et le bâtiment où siège, dans deux chambres différentes, l'Assemblée nationale et l'Assemblée constituante.
L'opposition avait boycotté l'élection de la Constituante fin juillet, estimant qu'elle favorisait trop les chavistes (du nom d'Hugo Chavez, prédécesseur de Maduro, qui se réclame de son héritage).
Le Venezuela ne veut pas d'«interférence étrangère»
Lors de ce premier jour de travail particulièrement tendu pour l'Assemblée constituante, sa présidente a prévenu : «A l'adresse de la communauté internationale [...] le message est clair, très clair : nous, les Vénézuéliens, résoudrons notre conflit, notre crise, sans aucune sorte d'interférence étrangère, sans aucune sorte de mandat impérial.»
Or, ce 5 août, quatre des cinq pays membres du Mercosur (le Brésil, l'Argentine, l'Uruguay et le Paraguay), ont décidé de suspendre le Venezuela de la communauté économique, pour cause de «rupture de l'ordre démocratique».
Après l'élection de la Constituante, les Etats-Unis ont aussi imposé des sanctions juridiques et financières sans précédent contre Nicolas Maduro, qu'ils ont qualifié de «dictateur». L'Union européenne, quant à elle, a fait savoir qu'elle ne reconnaîtrait pas l'Assemblée constituante élue et a exigé la suspension de son «installation effective».
.@FedericaMog s'est adressée au #Venezuela au nom des 28 Etats membres de l'#UEhttps://t.co/gZlwdvbREW.
— RT France (@RTenfrancais) 3 août 2017
A contre-courant des pays occidentaux et de certains pays latino-américains, la diplomatie russe avait dénoncé le 1er août les «intentions destructives» des acteurs régionaux et internationaux envers le Venezuela, et avait souligné qu'il était important, selon elle, de «créer des conditions, y compris à l’extérieur, pour que l’Assemblée puisse poser les bases d'un règlement pacifique des fractures dans la société vénézuélienne».
L'élection de la Constituante a été entachée par des violences qui ont fait dix morts, alors que plus de 120 personnes avaient déjà perdu la vie en quatre mois lors de manifestations contre le gouvernement.